Nous en sommes en 1972, dans les montagnes chinoises. Dans un petit village si reculé que ses habitants ne savent pas ce qu’est un violon. Le chef tourne et retourne l’instrument que l’un des deux nouveaux arrivants (le narrateur) avait dans ses bagages.
Deux jeunes gens, à peine sortis de l’adolescence, envoyés là pour être rééduqués. La révolution culturelle décidée par Mao oblige en effet tous les jeunes ayant fait un tant soit peu d’étude à venir passer un temps non défini dans une campagne chinoise afin de réapprendre les valeurs de la terre au sein d’une communauté paysanne traditionnelle. Et lorsque ces jeunes ont la malchance d’avoir des parents déclarés « ennemis du peuple », ce temps indéfini peut être fort long.
La tâche est rude pour ces deux garçons que rien ne prédispose aux travaux manuels. Mais il vont bientôt faire deux rencontres déterminantes : un binoclard, jeune en rééducation comme eux et heureux possesseur d’une valise pleine de livres interdits (des romans occidentaux) et une belle jeune fille dont le père est tailleur.
Deux rencontres qui vont bouleverser leur existence.
Dai Sijie nous décrit dans ce court roman un monde âpre, austère et extrêmement difficile. Comparable aux vieilles mines de charbons que Zola conte si bien dans Germinal. La vie y est harassante. Les distractions presque inexistantes. Et l’atmosphère dangereuse : sont à évoquer les dangers de la montagne, les dangers de la mine (car il y en a également une dans ces montagnes chinoises) et les dangers du pouvoir communiste et de ses sbires toujours prêts à dénoncer quiconque aux autorités compétentes. Pour un oui ou pour un non.
L’écriture est agréable. Belle tout en restant simple. La Petite Tailleuse chinoise est un livre qui se lit rapidement et grâce auquel le lecteur que je suis a passé un bon moment de littérature.