«Bara Yogoï - Sept autres lieux» rassemble sept récits étranges dans lesquels éclosent les angoisses nées d'un univers post-apocalyptique, l'enfer d'un monde industriel anéanti ou qui finit de s'écrouler sous l'œil des derniers témoins en fin de course, avec des hommes retournés à une vie a minima, à une forme de survie.

Voici un aperçu (très superficiel) de l'atmosphère des premières nouvelles du recueil (absolument pas un hit-parade car j'ai aimé toutes les nouvelles, avec néanmoins un coup de cœur particulier pour Enfer périphérique numéro 21) :

"Playlist / shuffle" – dans son taxi, le monologue (quasiment) amoureux à son frère junkie d'un chauffeur de taxi, abruti d'alcool et de boulot, qui tente ainsi de faire son deuil

"Tom + Jess = <3" – Avec un vocabulaire et un argot tirés au cordeau, l'histoire d'amour de Tom qui a bizarrement Jess dans la peau

"Enfer périphérique numéro 21" – Dans un monde détruit après les bombardements, le Protecteur, chef d'armée défait, moralement paralysé par son angoisse, ruine humaine en résidence surveillée par des compagnons geôliers qui attendent les ordres ... entre rêves et destruction.

"A propos d'un épisode méconnu des guerres coloniales motherlando-mycroniennes" – une nouvelle aux accents mythologiques borgésiens dans un univers aride de type méditerranéen, où les Tegetchis se transmettent leurs contes de ténèbres de père en fils.

A travers ces sept nouvelles dans sept lieux, les variations de contexte et de langage, avec toujours une écriture brillante, sont impressionnantes de ciselage et de virtuosité.

Et enfin, couronnement du plaisir, comme toujours avec Dystopia workshop (l'éditeur), le livre lui-même est un très bel objet.

« Mais Soury n'écoutait plus, il dansait sur les déblais, soulevait des poussières. Puis le cauchemar du Protecteur lui coupa le souffle : le phosphore calcine les peaux, les squelettes sont libérés de leur chair, dix milliers d'hommes se dissolvent, fusionnent avec la terre – sa bouche s'écartela sur un cri silencieux, celui de l'homme qui se redressait sur la couche de Bhūmi, là-bas. »
(Enfer périphérique numéro 21)

« S'il se détachait un instant de sa tâche, il pourrait parvenir à la pointe, là où le rêve prend fin, devant l'immense miroir sous lequel copulent les baleines et dérivent les vaisseaux fantômes. Là, sur la plus haute pierre de cet ultime promontoire, il se tiendrait face au néant un temps assez long pour la voir approcher. Cette fois, elle viendrait en dansant sur les flots, légère à en pleurer, et elle se nommerait Âme parce qu'il aurait abandonné ses crayons pour elle, et s'appellerait Mone pour s'être extraite seule des flots de la mer, et son prénom resterait pour toujours un mystère, serait une promesse. »
(En mauvaise compagnie)
MarianneL
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le 8 juil. 2012

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MarianneL

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