Bartleby le scribe par Kogepan
"Bartleby" est une œuvre bien énigmatique, au travers de laquelle Melville construit une métaphore singulière de la mort par le biais du personnage éponyme qui refuse, consciemment mais sans animosité, de faire ce qu'on lui demande au bureau. Pas seulement pas fainéantise, aussi parce que tout ça, c'est bien vain finalement.
Après tout on a tous connu ce sentiment.
Mais avec ce court roman Melville transmet aussi un message plus personnel, son propre refus de s'intégrer à la société capitaliste américaine ; parce qu'Hermann, ça le saoule grave d'écrire des livres pour qu'une maison d'édition s'en mette plein les poches, de ne produire que ce qu'on lui demande parce que c'est vendeur et que le public est roi. Melville, qui s'est fait sa petite réputation avec ses récits de voyage, ne veut plus se plier à cette logique marchande de la littérature, et écrit pour lui. Parce que voilà. Lui il aime pas cette société qui ne se construit qu'en accumulant des murs entre les gens, et l'incommunicabilité qui entoure Bartleby comme une bulle contagieuse, c'est celle que Melville lui-même, devenant le "scribe" du titre, redoute à l'avenir dans un quotidien toujours plus rapide et solitaire.
Un livre silencieux pour crier sa peur du silence, c'est aussi ça "Bartleby".