Critique de Basketville, tu peux toujours courir par screamingmimi
téléchargeable en intégralité ici :http://www.audiable.com/livre/?GCOI=84626100352830&fa=preview
le 20 nov. 2010
Est-il nécessaire de présenter Félix Jousserand ? Pour faire court, en quelques mots, je dirais simplement qu'il est auteur, interprète, animateur d'ateliers, slameur, raconteur d'histoires. Militant (le mot est sans doute maladroit, et sans doute qu'il ne l'approuverait pas) et surtout activiste de la littérature et de la poésie contemporaines. Connu notamment pour faire partie du collectif slam/spoken word Spoke Orkestra aux côté de D' de Kabal, Abl El Haq et Franco Manarra (Nada ayant quitté le collectif après la parution du second opus "N'existe pas"), sa poésie urbaine se cristallise autour de l'oralité et ses textes sont profondément marqués par le rythme et les sonorités des mots.
Paru en 2009 aux éditions Le Diable Vauvert, "Basketville, tu peux toujours courir" est un objet littéraire difficilement définissable. A la croisée du hip-hop, du reportage, de la poésie, le livre est prétexte à la découverte d'une ville, où les baskets sont tour à tour objet de désir et de convoitise, marque d'appartenance sociale ou même monnaie d'échange...
L'auteur nous plonge dans la vie d'une zone périurbaine où tu peux toujours courir après tes rêves qui s'éloignent en mirage dès que tu les approches. Tptc pour échapper à ton quotidien. Tptc pour t'éloigner de la périphérie et gagner le centre.
avec un cabriolet décapotable on peut facilement observer – voyez les safaris – ce qui se fait de mieux en matière de béton – en voici l'explication
Nul besoin pour la périphérie de se déplacer au centre : le reporter en milieu hostile se charge de montrer la périphérie au centre. Comment ne pas penser à La Haine et la fameuse scène avec les journalistes "On n'est pas à Thoiry ici ! (...) C'est quoi Thoiry ? Un zoo qu'on visite en voiture !" à la lecture de cette phrase ? Ou encore au Kaillera Parc de Spoke Orkestra ? Sensation de voyeurisme qui se confirme quelques pages plus loin :
y a la girafe on a vu le toucan on a vu le boa on a vu mais les baskets que tu vois là sur le papier sur le fond jaune on les a pas vues en vrai et donc on nous a menti
Au delà des thématiques abordées (la banlieue cette grande inconnue qui fait peur et nourrit bien des fantasmes, les "jeunes", la pauvreté, la société consumériste...) l'intérêt de ce livre se trouve dans son écriture.
Une écriture extrêmement dense et imagée, malgré une économie de mots flagrante. Félix Jousserand va droit au but et tape juste. Chaque phrase, chaque passage fait appel aux sens du lecteur. Les paysages et les situations se dessinent et se vivent au rythme d'un marathon plus qu'ils ne se lisent.
En définitive, une poésie urbaine qui fait sens, un livre comme on aimerait en lire plus souvent. Deux heures de voyage, de questionnement et de remise en question des stéréotypes véhiculés à travers les médias mainstreams, du JT de 20 heures aux chanteurs à la mode.
A commander de toute urgence pour la modique somme de 5€ chez l'éditeur, ou à consulter librement en ligne à cette adresse. A diffuser largement et à offrir à tous les amoureux des mots et de poésie contemporaine.
Je l'ai dit tout à l'heure, l'écriture de Félix J. est une écriture de l'oral. Ses textes ne sont pas faits pour restés figés sur le papier, mais pour vivre sur scène, pour être racontés, chuchotés, déclamés. Alors pour le plaisir des oreilles, l'extrait "Le jour où ils ont démoli la barre" par l'auteur au théâtre des Trois Baudets.
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Créée
le 6 nov. 2017
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