L’an de grâce 1437. Nous sommes dans le Haut Moyen-Age, la Guerre de Cent Ans dure depuis un siècle et doit durer encore seize ans. Charles VII est installé sur le trône depuis quelques années, Jeanne D’Arc a frit à Rouen six ans plus tôt et Jacques Cœur n’est encore que maître des monnaies à Bourges. La France n’a pas encore tout à fait bouté l’anglais hors d’elle et la société est encore largement engluée dans le féodalisme.
C’est dans ce contexte que s’ouvre le livre. L’armée du roi est encore bien faible : Charles VII travaille à sa professionnalisation, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il reste du pain sur la planche. Nombreuses sont les hordes de mercenaires qui ravagent le pays. Se louant au plus offrant, ils tuent, violent, dévastent, détruisent, volent, pillent et se payent sur la bête. Celle du bastard Aligot de Bourbon est l’une des plus cruelles. Tuer et torturer n’est plus simplement un moyen de s’enrichir (des dégâts collatéraux, en somme), mais deviennent un mode de vie, un loisir délicieux. Haro est fait sur la bonne ville de Chaumont dans ce qui n’est pas encore le département de la Haute-Marne. La cité est mise à sac et le narrateur (Denysot-le-clerc, dit le Hachis ou encore Spencer Five) ne doit sa survie qu’à ses talents d’illustrateur et de copiste – ça sert toujours).
Mais un imprévu se matérialise sous la forme d’un combattant peu ordinaire : une jeune fille – asiatique – aux méthodes de combat inusitées. Elle envoie tous ses adversaires au tapis avec une étonnante facilité. Le bastard enrage et tente de s’emparer d’elle mais elle parvient à lui fausser compagnie. Le mécréant s’installe alors, prend ses aises et se nourrit de razzia faites sur les cités des environs. Les gens se lassent (on se lasse de tout pour peu qu’on ait assez de temps pour cela). Arrivent alors deux nouveaux combattants, le chevalier Enguerrand et Dimanche-le-loup qui, à l’aide de l’asiatique qui n’était pas partie bien loin, du narrateur et de trois autres personnages, parviennent à reprendre par la ruse la cité de Chaumont au nez et à la barbe du bastard furax. Et à s’y enfermer.
Prévoyant l’ire du pillard, ces sept samouraïs vont former la populace à la guerre afin de repousser les troupes vandales lorsqu’elles se présenteront à nouveau au pied de la ville…
Une histoire à dormir debout. Une histoire dans laquelle je retrouve le n’importe quoi déjanté qui m’avait tant séduit dans « Faillir être flingué ». Savant mélange de combats médiévaux et de mangas japonais. Humour, dérision, anachronismes… tout y passe et tout aurait dû me plaire au plus haut point. Si ce n’était cette écriture en vieux françois qui m’a beaucoup amusé durant les premières pages mais qui m’a vite gonflé.
Dommage !
BibliOrnitho
4
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le 28 mars 2014

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