« Eh bien, maintenant, laissez moi vous expliquer comment on joue, d'accord ? »
A peine les premières pages tournées, j'ai su que j'aurai besoin de papier. Et d'un stylo. Parce que même si la récurrence de certains finit par les rendre familiers, les noms et prénoms japonais se retiennent difficilement par ceux qui n'ont pas l'expérience de la littérature japonaise, autrement dit les profanes dont je faisais partie. C'est pourquoi, au début tout du moins, je me forçais à noter scrupuleusement les noms des personnages ainsi que leur description sur une feuille quadrillée [pour me faire mon petit film dans ma tête, tu vois ?]. Et bien évidemment, je rayais au fur et à mesure les noms des morts.
« Battle Royale », c'est avant tout un pitch. Qu'on se le dise, le concept initial donne affreusement envie de lire le livre. Ou alors de se pencher sur le film et le manga éponymes. Ce que je ne conseille pas. Car aucune image ne remplacera jamais la violence des mots
Parce que plongé dans un bouquin, c'est l'imagination qui fait le boulot pour donner vie aux mots de l'auteur. Chacun se fait son petit film dans sa tête. Et vu que « Battle Royale » est truffé de scènes de mises à mort particulièrement violentes, le résultat peut vite devenir assez effrayant. Pour ma part, j'ai parfois été la proie de la même sorte de dégoût que j'avais ressenti à la lecture de « American Psycho », pour ne citer que lui.
Alors oui, on pourrait parler des petits défauts de l'œuvre. On pourrait parler de l'odeur d'eau de rose qui émane de nombreuses scènes. On pourrait s'étonner de voir des gamins de 3ème, c'est-à-dire des collégiens d'à peine 15 ans, raisonner comme des adultes et avoir des pensées philosophiques beaucoup trop matures pour leur jeune âge. Oui, il aurait fallu les vieillir, c'est aussi simple que ça. Des lycéens de 17 ou 18 ans auraient mieux fait l'affaire et auraient été en parfaite adéquation avec leurs propres préoccupations.
Mais attendu que toute note n'est que le reflet du sentiment du lecteur, et que je ne retire pas des points à chacun des défauts de l'œuvre, il me faut statuer d'une autre manière : à l'heure où j'écris cette humble critique, j'ai encore mal à la mâchoire, la faute au coup de poing monumental que m'a collé Koushun Takami [et je n'ai pas retrouvé toutes mes dents].
C'est pour cette raison que, statuant contre l'avis de ma propre conscience qui hurle de colère à propos des défauts précédemment évoqués, et préférant me fier à ce que j'ai vraiment ressenti, j'attribue finalement la note parfaite à cette sauvagerie venue de l'Est.
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