Rendu célèbre par le Nom de la Rose, Umberto Eco renoue dans ce roman avec le Moyen-Age qu'il choisit comme toile de fond historique et culturelle, pour y camper la quête pseudo initiatique et la geste de son héros éponyme. Au XIIe siècle, Baudolino, enfant des marais de la Frascheta en Lombardie attire l'attention d'un voyageur incognito qui n'est autre que l'empereur Frédéric Barberousse : ce dernier va s'attacher à lui et en faire son fils adoptif, en lui faisant poursuivre de bonnes études - à l'aune du savoir médiéval – d'abord à sa cour puis à Paris, où Baudolino, en compagnie d'autres étudiants qui désormais le suivront dans ses aventures, découvre dans les grimoires le mythe du royaume du prêtre Jean, situé dans un Orient légendaire et lointain. Après avoir pris une part active aux guerres entre l'empereur et les cités lombardes, le héros va partir à la recherche du mystérieux royaume et va vivre dans une cité peuplée de monstres et de chimères, avant un dénouement quasi-policier lié à la mort de Frédéric.
Ce roman fleuve, souvent nourri d'humour, de cocasserie, et de tendresse pour les personnages, nous entraîne dans l'univers mental des hommes du Moyen Age, pris entre l'action politique et militaire, la recherche religieuse, le questionnement sur le monde. Toutefois, dans ce récit rétrospectif fait à l'occasion de la prise de Constantinople par les Croisés en 1204, on cherche parfois le sens de cette longue narration qui apparaît souvent gratuite et ennuyeuse. On sent U . Eco fasciné par les fatras de savoirs et de croyances peuplant l'imaginaire médiéval, mais il ne parvient pas toujours à nous y intéresser, en particulier quand il fait vivre sous nos yeux les monstres hypothétiques des mondes inconnus. le message de cette fiction moyenâgeuse n'apparaît guère et elle finit par lasser le lecteur