Bayuk par BrTVS

Malgré une écriture efficace et astucieuse, qui sait reprendre à son compte l’imagerie pirate et voodoo, on attendait un peu plus Justine Niogret et de ce Bayuk .

Parfaitement documenté sur son sujet, celui-ci est parfois trop équilibré dans son rapport au mysticisme. Le roman manque donc de basculer complètement dans les profondeurs marécageuses du bayou et de sa toile de fond.

L’inversion des stéréotypes de genres (et particulièrement ceux en rapport avec la piraterie) fonctionnent relativement bien, et sans paraître « forcée ». Il en va de même pour la trame principale du récit : la fille (non pas le fils) est chargée de racheter les fautes de la mère (non pas du père). « Le » pirate sanguinaire de l’histoire est donc une femme, une mère, qui n’a pas désirée garder son enfant avec elle. Toma est donc encore une enfant en quête d’elle-même, de ses origines, de son identité, mais qui cherche également à se libérer du « sort » qui la lie à l’histoire de cette « mère-absente », de «l’héritage» de son lignage. Malgré ces éléments intéressants, ceux-ci s’enchaînent et restent bien souvent à la surface (notamment dans la caractérisation de la pirate Écarlate) et manquent d’êtres plus fouillés. Certes on n’est pas obligé de tout justifier et de tout expliqué, mais ça n’empêche pas de donner plus d’épaisseur aux personnages. On en trouvera cependant une exception particulière, Boone : personnage masculin victime d’emprise toxique qui se révèle peu à peu dans ses fuites et la fragilité de son état.