Ecrire une suite à Bel-Ami, il fallait oser. Ce classique, édité en 1885 lu, analysé encore et encore puis adapté au théâtre et au cinéma, est connu de tous. Que vaut donc Belle-Amie, écrit 134 ans plus tard ? Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que le XIXe est ma madeleine de Proust. Je lis énormément, visionne et travaille cette période sous toutes ses coutures. Je suis donc intransigeante, d'autant plus que Maupassant est l'auteur que j'admire par dessus-tout.
Et bien, je me dois de le dire tout de go, qu'est-ce que c'est bon ! Nous retrouvons Georges Du Roy De Cantel après son ascension fulgurante dans le monde en tant que journaliste à La Vie Française. On ne l'arrête plus et tourne désormais ses ambitions vers le monde de la politique. Ecrit comme une critique de notre époque contemporaine, l'auteur créait un parallèle avec le XIXe en nous faisant comprendre que rien n'a changé. Comme son personnage. Tout y est, les personnages emblématiques (Madeleine par exemple), mais aussi les grands de l'époque qu'on prend plaisir à (re)découvrir. Le XIXe prend vie sous nos yeux et on se plaît à entrer dans l'intimité de cette vie révolue avec un petit gout de nostalgie. Maupassant, de part son siècle, traitait les femmes comme de parfaites idiotes et naïves au possible. Harold Cobert inverse la tendance et rend enfin justice à ces femmes en les rendant fortes et maîtresses de leurs vies.
J'avais quelques craintes sur le fait de lire une suite en ne réussissant pas à revenir dans l'histoire, mais bien heureusement, Harold Cobert prend le temps de rappeler par-ci, par-là, les événements majeurs de Bel-Ami. De plus, on ressent tout le travail de recherche sur l'écriture de Guy de Maupassant et on croirait presque l'auteur ressuscitait. Le style, à la fois moderne et ancien, remet au goût du jour de vieux termes. Les personnages s'expriment véritablement comme en 1887 et c'est un vrai plaisir à l'oreille.
Belle-Amie, où le titre prend toute sa saveur durant les cinquante dernières pages, est une réussite en tout point. Résolument brillant, écrit comme un hommage à Maupassant et au réalisme du XIXe, Harold Cobert signe une suite miroir de notre époque et du système politique. Georges du Roy de Cantel à la fin qu'il méritait. La boucle est bouclé !
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