Avec Belle de gris se dévoile le second tome de la la trilogie de Les sœurs carmines d'Ariel Holzl.
Si, dans le premier opus, Merryvère la cambrioleuse au grand cœur se laissait dicter sa conduite par bien trop de vertueux principes, il n'en est pas de même pour Tristabelle qui, dans cette suite, montre à quel point son cœur est de pierre celé. Odieuse créature imbue de sa personne, sa beauté fatale laisse dans son sillage bien des cadavres d'amoureux éconduits. Pour parvenir à ses fins, nul stratagème n'est trop osé. Sa rouerie ne connaît aucune limite et le lecteur ne pourra que s'en réjouir au fil de pages ensanglantées.
Tandis que la mise en place du récit prend un peu de temps, on s'attache bientôt à savourer les actions détestables de cette pimbêche infatuée pour qui assister au Grand Bal de la Reine devient bientôt une obsession. Il faut dire qu'à cette occasion, la souveraine de la cité de Grisaille va choisir sa dame de compagnie. Mais Tristabelle ne détient pas d'invitation. La quête pour le précieux sésame va débuter et nul coup bas ne sera esquivé pour atteindre le graal, calice sanglant où la scélérate s'abreuvera du sang de ses concurrentes. Aînée de la famille, elle n'épargne de ses cinglants sarcasmes ni sa sœur, ni ses connaissances qui subissent ses récurrentes remarques acerbes à propos de vétilles quotidiennes. La demoiselle, qui semble n'être pas toujours seule dans sa tête, régale le lecteur de ses pensées conservées en son fort intérieur ou bien, mieux encore, exprimées avec son acidité coutumière.
Au fil du roman se dévoile ce qui se cache derrière cette beauté immarcescible et glacée. La plume de l'auteur s'affermissant, le plaisir de lire croît avec la fluidité de la prose. Une second tome bien plus captivant que le premier tant le ton apparaît encore plus acerbe et en phase avec ce monde "Burtonien".