Donc, à l'issue de ce livre, on se sent vide, vidé.
C'est une lecture difficile, si les quelques trois cent premières pages s'enchaînent d'elles-mêmes, l'émergence de la passion de Solal et d'Ariane rend la lecture plus ardue, plus profonde aussi. Surtout plus jouissive. La critique sociale et la satire de la SDN des premières pages laissent place à l'amour et ses mots. Et surtout, l'amour en mots, puisque toute la difficulté est de retranscrire la violence de la passion des mots. Ainsi, certains chapitres, vides de contenu narratif ne sont que de merveilleuses descriptions de l'amour (naissant). Puis, le vide. Vide que Cohen remplit de mot, puisque c'est aussi le vide de la passion amoureuse de Solal et d'Ariane, sans l'exaltation des débuts. C'est un vide éprouvant, c'est un vide productif aussi, puisqu'il remet en jeu tout ce qu'on peut croire ou penser de la chose amoureuse. C'est au moins la confrontation des points de vue sur l'amour qui vide.
Que Cohen ait raison ou tort, peu importe finalement, il instille le doute sur le sentiment amoureux, et c'est sa réussite.