L'ennui du titre n'est pas le mien. C'est celui d'Ariane.
L'ennui : un mot. Et pourtant cet ennui est polymorphe.
1) Ariane est mariée à Adrien Deume. On comprend assez vite qu'il l'a toujours ennuyée et, pour expliquer cela trivialement : il baise mal. Bien sûr, on ne peut pas résumer le personnage à ça mais, l'entendre se glousser intérieurement de baiser comme un Dieu tandis que sa femme ne tire pas une once de plaisir est exquis. Et quel plaisir de le voir se vanter de sa position sociale si moyenne. Bref : Adrien, il est ennuyeux à mourir. Mais il l'a toujours été donc ni nous ni Ariane ne sommes pris de court. Et il est ringard mais il faut avouer qu'il est touchant et drôle bien que d'aucune de ces deux qualités il ne soit responsable.
2) Ariane rencontre Solal, le supérieur hiérarchique d'Adrien. Lui contrairement à l'autre ringard, est flamboyant. Tout dans la passion. Un être érectile. Comme on le présageait il drague Ariane, la séduit, lui fait goûter à la puissance de son charme, très érectile son charme. Lui n'est pas du tout ennuyeux donc Ariane quitte Adrien et pendant tout le roman on n'entend presque plus jamais parler du lourdaud. Sauf que copuler toute la journée ca devient vraiment extrêmement ennuyant pour Ariane, Solal et surtout pour nous mais, cette expérience de l'ennui est quand même pédagogique car on se demande à quel point c'est possible de passer autant de temps à : baiser, se regarder dans le yeux, baiser, discuter, baiser. En gros ils ne font rien, c'est vraiment affligeant. Solal : on a bien compris que cet être tout de chair avait de gros atouts mais à force de s'en servir il va les user. Enfin au bout d'un moment, un an quand même, imaginez à quel point c'est long un an à ne faire que copuler et attendre jusqu'au prochain coït, ils finissent par s'ennuyer profondément mais ils s'aiment véritablement alors aucun des deux n'ose l'avouer pour ne pas blesser l'autre. Donc ils se contiennent mais, à force d'intérioriser ca explose et de plus en plus fréquemment donc ca devient banal et triste. Même dans le conflit ils réussissent à redevenir lourds. Finalement, ils se suicident dans ce qu'ils pensent être une mort épique alors qu'ils sont ridicules depuis déjà 400 pages, donc ca ne sont pas quelques cachets qui vont nous les rendre sympathiques à nouveau.
3) Finalement Adrien est le personnage le plus cocasse justement car on ressent à quel point il est quotidiennement ennuyant ce qui, paradoxalement, est très excitant pour le lecteur. Et Solal qui semble être l'homme de la situation, celui qui peut raviver la flamme du désir dans l'œil de sa maîtresse, au delà de son physique ravageur n'est plus grand-chose, à part un jaloux compulsif.
N.B. : J'ai occulté 90% des autres intérêts du roman, ne prenez donc surtout pas ce billet pour une explication exhaustive des différents enjeux du livre. Le fond est bien plus profond et la forme, dont je n'ai pas fait la moindre mention, est plus que déroutante. (cf : les passages sans ponctuation)