Tout commence à Londres, plus précisément à Arundel Street, Leicester Square. Comme tous les matins, Ashe Marson effectue ses exercices matinaux – inventés par un certain lieutenant Larsen. Pour les badauds, l’apparence amusante du jeune homme en plein entraînement est devenue aussi habituelle que banale. Quelle surprise alors, pour Ashe, que d’entendre les accents cristallins d’un rire féminin ! Pourtant, la rencontre avec la coupable, une pétillante américaine du nom de Joan Valentine, allait définitivement changer sa vie.
« Bienvenue à Blandings » est un livre de l’écrivain anglais (Sir) P. G. Wodehouse (Pelham Greenville de son prénom – on comprend qu’il ait préféré s’en tenir à ses initiales), publié en 1915.
Wodehouse y met en scène une ribambelle de personnages. Outre Marson et sa jolie voisine, l’on fait connaissance avec un milliardaire américain, M. Peters, célébrissime collectionneur de scarabées antiques égyptiens, qui marie sa fille Aline avec un jeune aristocrate anglais oisif, l’Honorable Frederick Threepwood. Le père de ce dernier, Lord Emsworth, n’est autre que le propriétaire du fameux château de Blandings, ainsi que – bien malgré lui – l’élément déclencheur de toute l’histoire.
Sur la base de la promesse du mariage et une sombre affaire de vol, Wodehouse développe toute une histoire, permettant à ses personnages d’évoluer dans les décors prometteurs du château de Blandings. Les péripéties se succèdent à un rythme trépidant, suivant les motivations des protagonistes avec une logique diabolique qui ne nuit jamais au plaisir ressenti à la lecture (qui se fait bien d’une traite, le livre n’étant pas très épais).
Le style de l’auteur est, d’ailleurs, particulièrement réjouissant ! Wodehouse ne s’embarrasse pas de fioritures et narre l’action avec une précision et une efficacité remarquables. Maniant admirablement bien l’ironie (en particulier dans ses descriptions, souvent assez géniales), il fait également preuve de beaucoup d’humour – typiquement british – basé sur ses personnages, leurs dialogues et les situations décrites. Transparaît bien un goût certain pour la symétrie et les coïncidences, mais l’ensemble est mené avec suffisamment de subtilité et de légèreté pour que cela n’en devienne jamais indigeste. Pour ceux qui ne sont pas trop allergiques à l'anglais, je recommande la lecture du texte original, qui est à la fois simple à comprendre et à apprécier.
C’est dans la description des personnages et du cadre que le livre prend toute sa saveur. Wodehouse dépeint son château et ses gens avec beaucoup d’aisance, explicitant notamment l’univers terriblement codifié des valets et serviteurs britanniques. Les personnages, quant à eux, sont bien différenciés et deviennent tous très attachants au fur et à mesure du récit. Entre le majordome hypocondriaque et le lord insouciant, en passant par la clique de laquais indiscrets et les américains parfois caricaturaux, c’est un régal que de se voir conter les états d’âme de chacun.
Je ne sais pas si je regarde trop de films, ou si Wodehouse a vraiment eu beaucoup d’influence, mais j’ai l’impression d’osciller entre De Broca (« Le Magnifique ») et Lubitsch (« Haute pègre », « Cluny Brown »), et ce, pour mon plus grand plaisir. Alors, moi qui ne suis pas un très grand lecteur, je me régale. Je collectionnerai bien des scarabées, je tomberai bien amoureux de Joan Valentine, et j’en redemande !