Dans un trou vivait un Hobbit
J.R.R. Tolkien ne se souvient pas de la date exacte à laquelle il écrivit cette phrase, ni le premier chapitre, mais seulement que rien n'était prévu consciemment et que le récit progressa au fur et à mesure que les idées lui venaient. Cependant, une fois lancé, Tolkien rédige les chapitres avec aisance, sans guère de corrections.
Son roman est dès le début soumis à l'influence des textes du futur Silmarillion.
Fin 1932, Tolkien fait lire une copie de The Hobbit à son ami C. S. Lewis (auteur du Monde de Narnia) qui dira que nous avons ici un livre pour enfants, il fera rire surtout les plus petits, et ce n'est que bien des années plus tard, à leur dixième ou vingtième lecture, que ces mêmes enfants commenceront à se faire une idée de la profonde réflexion qu'il a fallu pour donner un fruit aussi mûr, aussi agréable, et aussi vrai, à sa manière.
Tolkien fait également lire une copie de The Hobbit à Elaine Griffiths qui travaille pour l'éditeur britannique Allen & Unwin. Griffiths parle du roman à une ancienne camarade d'Oxford : Susan Dagnall, qui demande à Tolkien de terminer le livre afin de le proposer à l'éditeur.
En 1937, le 21 septembre, la première édition de The Hobbit voit le jour. Elle est le résultat de longues discussions entre Tolkien et son éditeur Allen & Unwin. Le grand succès du livre entraîne plusieurs réimpressions et plusieurs révisions.
Bilbo le Hobbit est entraîné malgré lui par le magicien Gandalf et une compagnie de treize nains dans leur voyage vers la Montagne Solitaire, avec pour but de récupérer le trésor volé et gardé par le dragon Smaug.
Tout au long du roman, Bilbo est en voyage, mais c’est aussi un voyage intérieur à la découverte de soi, découvrant des talents inconnus pour vaincre les dangers tout au long de la quête. The Hobbit est un récit d’aventure classique. Le voyage du héros est un modèle littéraire à travers lequel un personnage ordinaire devient un héros.
Dans le modèle traditionnel, le héros commence par une vie ordinaire dans un endroit ordinaire (comme la Comté). Le personnage reçoit un appel à l’action ou une raison de quitter la maison (ici récupérer le trésor des nains). En cours de route, le héros rencontre un mentor (Gandalf le magicien) et est testé par des ennemis.
À chaque chapitres vient une péripétie différente et à chaque péripéties, Bilbo apprend l’indépendance et le courage, évoluant suffisamment pour sauver les nains a plusieurs reprises. Lorsque Bilbo nomme son épée (Dard) dans le chapitre 8, contre les araignées, c’est une étape dans son évolution de Hobbit naïf a héros littéraire.
Si Bilbo sauve plusieurs fois les nains, il est lui-même secouru, pas une, mais deux fois par les Aigles. Le sauvetage des Aigles, qui deviendra récurrent, peut sembler une facilitée d’écriture surtout pendant la Bataille des Cinq Armées.
L’avidité est un thème central dans The Hobbit. Presque tous les personnages font preuves d’avidité, y compris Bilbo lorsqu’il garde l’Anneau et l’Arkenstone. Le Maître de Laketown essaye de voler le trésor de son peuple qui en a besoin pour reconstruire ses maisons. Même les Hobbits sont cupides. Ils vendent le mobilier de Bilbo et veulent sa maison après sa disparition. Thorin incarne la cupidité extrême. Il a un grand trésor devant lui, un trésor si massif qu’il ne pourrait pas le dépenser, mais il veut toujours le garder jalousement. Il est même prêt à mourir de faim pour garder son or.
Les 13 nains sont très difficiles à différencier au début de l’aventure, ils sont d’ailleurs personnifiés que par la couleur de leurs capuchons. Au fil de l’aventure, on apprend à les connaître et on peu réussir à les nommer en fonction de leur caractère. Thorin, Kili, Fili, Balin, Bombur, etc… Ils sont reconnaissables et on sera attrister quand certains perdront la vie dans la Bataille des Cinq Armées.
Smaug est l’antagoniste principal du roman. Le chapitre de Smaug reflète par de nombreux points le dragon du poème de Beowulf, et Tolkien utilise ce passage pour mettre en pratique certaines théories littéraires qu’il a développées autour du portrait du dragon dans le poème, dotant la créature d’une intelligence bestiale au-delà de son rôle purement symbolique.
The Hobbit se lit très facilement même si le narrateur omniscient m’a posé quelques problèmes. Il n’hésite pas à poser des questions aux lecteurs, il spoil quelques fois la suite de l’aventure et se plaint de se répéter quelques fois. J’ai tellement de citation en tête où le narrateur m’a fait sortir du récit. Sûrement pour garder l’attention des enfants.
Si The Hobbit est facile à lire, il est tout autant perfectible. C’est un bon roman jeunesse qui a juste la malchance d’être le brouillon de tout ce que J.R.R. Tolkien fera d’autre dans la Terre du Milieu. Mieux vaut, peut-être, être fan de Tolkien au préalable pour être fan du roman.