Blessé par le racisme et l’intolérance qui règnent dans la société américaine, meurtri par la disparition de sa femme suite à une chute de cheval, John Hunt, cowboy atypique, ancien universitaire spécialiste de l’histoire de l’art, dresseur de chevaux, vit dans un ranch reculé du Wyoming, avec pour tout compagnon son oncle septuagénaire Gus, un homme taciturne mais à la perception très fine.
John est noir et, au départ, ce fait paraîtrait anodin, s’il n’y avait le mouvement de surprise à leur première rencontre de l’homme qu’il a embauché pour travailler dans son ranch.
Amoureux de la nature sauvage et du désert rouge, loin de la sombre compagnie des hommes, John retourne inlassablement à cheval explorer les grottes de la région, fasciné par leur cavité terrifiante ou excitante, et par l’isolement absolu qu’elles procurent.
Mais l’amour, la violence et la discrimination vont le faire sortir de son isolement, malgré lui. Il devient sensible à l’intérêt que sa voisine lui porte et renoue avec des sensations enfouies. Dans le voisinage du ranch, un jeune homosexuel est victime d’un assassinat barbare. On soupçonne Wallace, cet homme qui a brièvement travaillé au ranch de John. Des indiens voisins sont victimes des agissements de brutes racistes et lui demandent d’intervenir auprès du shérif.
"Blessés" a l’air d’un thriller très noir, malgré une forme souvent très drôle, mais c’est surtout un tableau sombre de la société américaine et un questionnement sur la condition humaine, la possibilité de contenir - ou pas - ses émotions, et sur la responsabilité de l‘individu.
Percival Everett est grand.
«Je m’engouffrai dans la bibliothèque, qui était climatisée. J’avais pris l’habitude de m’accorder cette halte une fois par semaine pour y lire des journaux et des revues. C’était le moyen pour moi de rompre l’isolement que j’avais choisi, et de trouver des raisons à mon choix. Dans le Denver Post, le Washington Post, le St Louis Times Dispatch et le New York Times, je lus les articles concernant le meurtre de l’homosexuel. Tous donnaient à peu près la même version, avec en plus, dans les journaux de la côte Est, la mise en cause implicite, pour ne pas dire la dénonciation ouverte, de l’intolérance maladive qui sévissait en milieu rural et dans l’Ouest en général. Je ne pus qu’approuver : cette maladie s’appelait l’Amérique.»
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