Une femme divague au point de cohabiter avec un homme inconnu chez elle, avez qui elle a bien du mal à communiquer. Par les tentatives de dialogues qui ne les lient qu'assez peu, la lectrice et le lecteur apprennent qu'elle vient de perdre son mari. Elle tente vainement d'extirper son identité à cet inconnu, l'endroit d'où il vient. La démarche de ce dernier est chaotique, hésitante.
Elle semble s'inventer un double masculin qui lui manque.
L'idée du livre est intéressante, et rappelle énormément le film Sous le sable de François Ozon, où Charlotte Rampling a l'impression de continuer à vivre avec son mari, "incarné" par Bruno Cremer, dont les circonstances de la disparition en mer amènent à penser à un décès probable.
Cette dépression (post-)traumatique est intéressante, énigmatique, finit par attirer l'attention, après un début aussi lénifiant que déconcertant. Je n'ai pas apprécié que la narration s'enlise autant dans la description de la menue quotidienneté, ce qui a tendance à m'horripiler. On se retrouve avec le fonctionnement du grille-pain, la texture du carton de jus d'orange, l'eau du robinet coulant sur les myrtilles, les oiseaux sur leur mangeoire, ...
C'est certes à l'image de la protagoniste, mais cela tend à rabaisser le récit, alors qu'il décrit déjà une situation humaine pathologique. Une plus grande prise de recul et de hauteur m'aurait fait davantage accrocher, alors que j'ai apprécié l'idée générale.