Il est courant d'hésiter entre polar et thriller lorsqu'on a entre les mains un roman noir immersif où il y a crime et tension à la fois. Dans "Bondrée", il y a les deux mais c'est un troisième élément qui m'a séduite, davantage encore que les premiers : l'atmosphère.
"Bondrée" est une plongée dans un environnement qui offre de nombreux contrastes : le lieu idéal pour une villégiature pleine nature, l'oppression de la forêt profonde et de ses fantômes ; la jeunesse pleine de torpeur en cette fin de sixties, l'activité des adultes ; le passé spectral et le présent brumeux.
Comme je le disais, ce que j'ai le plus apprécié, c'est moins l'histoire et l'enquête (dont je trouve d'ailleurs l'issue un peu décevante) que l'atmosphère de sauvagerie latente parfaitement rendue par l'auteure. Jusqu'à l'étouffement. Evocation d'une nature trop dense qui recèle trop d'ombres et de secrets, souvenir de la trappe et des chasseurs que la solitude des bois pouvait rendre fous après les avoir marginalisés. Les descriptions sont terriblement réalistes : on perçoit l'humidité, la chaleur, on s'agace du vol des mouches, de la piqûre des moustiques, on a soif, on se sent perdu, on cherche la lumière.
Une belle rencontre qui laisse sa trace et qu'on est heureux de voir s'achever, histoire de respirer un grand coup pour se sentir vivant.