Je ne sais pourquoi je m'étais fait l'idée que boule de suif était une petit Causette dans un Londres Victorien enchainant les nettoyages de cheminées pour se payer son pain quotidien. De ce fait, j'ai mis une bonne dizaine d'années avant de le lire.
Hier soir, en quête d'un livre à commencer, je pioche ce court roman dans ma bibliothèque... Grave erreur car je n'ai pas pu le quitter des yeux avant la dernière page et encore après j'étais si scandalisée par toutes ses péripéties que j'ai tourné dans mon lit, enragée de m'apercevoir que cette histoire (en plus d'être inspirée d'une histoire vraie) correspond encore malheureusement à la culture de notre époque.
Un cri masculin pour la liberté sexuelle des femmes, contre l'hypocrisie du monde et sûrement tant d'autres thèmes que je ne saisis pas dans l'affairement que j'éprouve encore 20h après sa lecture.
Lisez ce livre et parlez-en car il est d'actualité et pourrait changer notre monde.
Résumé à moi-même :
Une voiture part de Rouen suite à une invasion prussienne conduisant ses passagers (1 prostituée -Boule de Suif-, 2 bonnes sœurs, quelques couples bourgeois et 1 républicain). Suite à des difficultés liées à la route, la voiture prend du retard et les passagers ont faim. Boule de Suif ayant prévu son panier repas n'ose pas proposer de sa nourriture compte tenu de son niveau social mais la faim aidera à dépasser la barrière des classes et tout le monde fait connaissance.
Cependant, arrêtés par un soldat ennemi dans une auberge d'étape, ce dernier refuse de laisser repartir les voyageurs tant qu'il n'aura pas forniqué avec la prostituée se refusant à lui. Vient alors plusieurs jours où la panique envahit peu à peu les bourgeois. Ils vont alors tenter de convaincre Boule de Suif de céder son corps au soldat prussien d'abord en douceur puis de manière si insistante que l'on pourrait le qualifier de harcèlement. Lorsqu'au 3e jour les voyageurs apprennent qu'elle a enfin cédé, chacun y va de sa blague "Il ne faudrait pas qu'il nous la crève ! Quoi que ça ne fera pas grande différence." sauf le républicain qui tout en étant un client de cette dernière les accuse d'avoir détruit une femme.
Le roman se conclut sur le redémarrage de la voiture avec un repas partagé par tous sauf Boule de Suif cette dernière étant "sale". Boule de Suif se met alors à pleurer en pensant à la générosité dont elle a fait preuve envers eux le premier jour et par son sacrifice physique sans aucun retour de leur part. Une bourgeoise ira même dire en la remarquant "Regardez ! Elle pleure sa honte !"