Dans cette oeuvre, Guy de Maupassant nous prouve une fois de plus que la nouvelle est un domaine qu'il maîtrise avec art. La brièveté du récit lui confère une efficacité inégalable qui aurait perdu de sa force si l'auteur avait souhaité en faire un roman plus élaboré. Pas d'ornements, pas de fioritures, une vision et une critique directe.
En tant que groupie flaubertien, je ne peux m'empêcher de constater la proximité des regards des deux amis et d'admirer cet écrit sarcastique et profond.
On s'installe dans un cadre, on se lie de pitié, d'amitié, de compassion avec cette pauvre prostituée, nommée Boule de Suif, et on exècre l'hypocrisie et la cruauté de ceux qui l'accompagnent dans ce voyage en calèche qui tourne au "drame" humain.
La fin de la nouvelle nous laisse un sentiment puissant, indescriptible.
Jetez vous sur ce récit (assez court pour être avalé en quelques heures) pour apprécier la plume condensée d'un auteur qui a tout compris à la bêtise humaine, à la lâcheté et à la détresse d'une femme abandonnée, livrée par des égoïstes aux lions de l'arène sans scrupules.