Un recueil très agréable de nouvelles de Maupassant qui finissent toutes plus ou moins mal. On est à la fois révolté et déprimé par ces tranches de vie présentées par l'auteur.
-Boule de Suif
Une nouvelle parfaite, il n'y a rien à redire. On est plongé dans le XIXe du début à la fin, alors que la France est encore en guerre contre ses amis d'Outre Rhin. La petite Boule de Suif va nourrir avec beaucoup de bienveillance des bourgeois et des nobles dans le besoin, mais ceux-ci vont lui marcher dessus avec une ingratitude incroyable par la suite. Vraiment, on en blêmit. Elle est belle, la classe haute ! On dit souvent que les Français n'aiment pas les riches, eh bien on sait d'où ça vient. On en sifflerait la Marseillaise avec Cornudet. D'ailleurs l'Eglise en prend aussi pour son grade, avec ces bonnes soeurs qui font comme si elles n'entendaient rien sauf quand il s'agit de piller le panier de notre héroine. .
J'aurais juste voulu que Cornudet donne quelque chose à manger à Boule de Suif à la fin, ça m'aurait paru cohérent. En tout cas c'était vraiment excellent et plein de sens.
-La parure
Qu'il est bon, le mari de l'héroine, et qu'elle est chagrin. C'est l'histoire d'un couple honnête, et assez mignon, qui va voir sa vie gachée par une maladresse. Probablement l'histoire qui finit le plus mal, dans un twist final qui fait rire jaune.
-Le lit 29
Là encore on retrouve le thème de l'hypocrisie et de la fermeture aux sentiments et motivations des autres. Une femme mourante, qui a couché avec les envahisseurs, retrouve sa dignité auprès du lecteur, c'est déjà ça. Une petite pensée à toutes les femmes qui ont eu les cheveux rasés après la deuxième guerre mondiale à cause de l'intolérance et de la bêtise de leurs concitoyens.
-Rose
Une nouvelle peu intéressante. Je ne suis même pas sûr de ce que l'on doit comprendre de la chute...
-La serre
Un bon mari très très patient supporte les caprices de son femme qui est petit à petit devenue épouvantable sans qu'il sache pourquoi. C'est finalement dans le voyeurisme qu'ils retrouveront leur étincelle. Une morale un peu étrange mais soit...!
-Une soirée
Celle-ci m'a bien fait rire. Le héros s'enorgueillit d'aimer l'art sous toutes ses formes. A Paris il rencontre un peintre, et parvient à se faire inviter à une petite soirée chez lui, sauf que rien ne se passe comme prévu. Il est confondu avec un larbin, boit comme un trou, et se réveille tout nu dans un placard. En rentrant chez lui, il déclare que la peinture est un art bien inférieur à la musique. J'ai trouvé ce raccourci amusant, et c'est drôle de voir ce personnage, plein de bonne volonté, se faire bringuebaler à droite à gauche.
-Le vengeur
Le héros de cette nouvelle est très irritant, et même si la chute est intéressante, il gâche un peu tout quand il se met à frapper sa femme.
-L'attente
Une histoire très courte et très émouvante autour d'une femme qui a perdu et son amant et son fils quand ceux-ci se rencontrèrent. Le fils s'enfuit et ne fut jamais retrouvé, et elle ne voulut pas revoir son amant tant que son fils n'était pas retrouvé. Une vie brisée à cause du caprice d'un enfant trop obtus.
-La dot
J'ai lu une critique qui prétendait que la chute était prévisible, eh bien moi je prétends plutôt qu'elle est grotesque et n'a aucun sens. En revanche, j'ai bien aimé le passage dans l'omnibus avec la tension de la femme qui grimpe au fur et à mesure que les arrêts défilent, parce que j'ai déjà ressenti cette impression à plusieurs reprises, même si pas forcément dans cette situation là.
Dans sa globalité, ce livre vaut vraiment le coup, mais je recommande surtout Boule de Suif et la Parure.