Grande ironie dans ce septième tome que de croiser les quatre cavaliers de l'Apocalypse ( réinventés et anti-bibliques à souhait) car j'ai trouvé que Rodeo Rex, le Kid, Elvis et la recrue, Joey, formaient justement une sorte d'antithèse de ce quatuor célèbre, dans le tome précédent. Avouez que niveau dommages matériels, moraux et organiques, ils n'ont pas la mains morte et que malgré leur méthodes discutables, au fond, ce sont des combattants contre les forces du mal! de toute manière, ça tombe à l'eau puisque qu'ils sont six désormais. Les Dead Hunters comptent désormais deux filles, Bébé, plutôt maladroite comme recrue et Jasmine, aussi sexie qu'écervelée.
On verse une fois de plus dans la réécriture biblique avec l'évangile selon Suzanne ( curieux que le seul évangile non-retenue soit celui d'une femme? Sacré sens de l'humour, Anonyme), quatre cavaliers apocalyptiques Incas, un Jésus guerrier et un Caïn fêlé qui, faute d'avoir un Enfer pour l'accueillir, ère dans le monde telle une âme perdue aux tendances assassines ( Que voulez-vous, on ne se refait pas!). le plus drôle dans tout ça, c'est qu'on serait tenté de sourire devant l'ampleur de l'absurdité de toute cette histoire...mais au fond, la Bible elle-même est le récit le plus incohérent qui soit. Oui, bon, je ne vais pas me lancer dans un débat théologique non plus!
Sinon, côté histoire, nous sommes dans le Purgatoire, dans le cimetière du Diable, où ce dernier, c'est-à-dire Scratch, confie une mission à Bébé, qui tente de faire sa place dans le groupe de plus en plus populeux des Dead Hunters. En effet, il semble que le tout premier psychopathe du monde ( et accessoirement le troisième humain au monde) fasse des siennes. Justement, Caïn, qui s'incarne dans le corps des gens cérébralement morts ou comateux, élabore un plan pour se débarrasser des Dead Hunters. Pour s'aider dans cette tâche, il manœuvre afin de relâcher quatre immortels qui ont fait des ravages en Amérique et qu'on connait sous le nom de "cavaliers de l'Apocalypse", et qui auraient été stoppés par nul autre que ...Jésus Christ? Et comble de coïncidences ( qui n'existent pas), c'est justement son sang qui coule dans les veines ( fortement alcoolisées) du Bourbon Kid. En parallèle, un prêtre d'un village amish désespéré fait appel aux Dead Hunters pour se débarrasser des esprits maléfiques qui font disparaitre des membres de leur communauté lors des automnes. Un village où, 2000 ans plus tôt, Jésus et ses disciples auraient accosté en Amérique.
Donc, un autre opus rondement mené, croulant d'ironie, de carnages sanglants, de répliques acerbes et cinglantes où la religion catholique côtoie de près la mythologie grecque et quelque folklore glauque; où les cavaliers de l'apocalypse produisent des goules comme de vulgaires biscuits, où Sanchez, homme ordinaire à la tuyauterie défaillante est véritablement l'homme le plus chanceux du monde ( pour ne pas dire "merdeux"), où Jasmine devient le plus grand mystère de QI qui soit, où Indiana Jones est un véritable archéologue, où le Diable semble plus motivé à sauver le monde que Dieu lui-même...bref, dans un univers toujours déjanté et propre à son auteur/autrice d'ailleurs toujours anonyme qui amalgame humour noir, thriller, gore, policier et urban fantasy dans un genre presque inclassable ( et à ce jour difficilement imitable).
On ne lit pas ses romans pour la beauté de la plume, quoique celle-ci soit très efficace, ni pour enrichir son esprit de quelque apprentissage que ce soit, mais à sa décharge, la série d'Anonyme met à terre certains stéréotypes, se rit de la stupidité et de la bêtise humaine, apporte une certaine nostalgie cinématographique et fait rire un bon coup!