Ami.e Senscritipriote, t'es-tu déjà, lors d'un voyage à l'étranger, laissé tenter par une gourmandise locale qui avait l'air ma foi parfaite dans sa vitrine, mais dont tu as su, dès la première bouchée, que sans être franchement mauvaise, la pâtisserie était trop belle pour être vraie ?


Ainsi tu reconnaîtras peut-être la même sensation à la lecture de ce dernier roman de Clémentine Beauvais. Il n'est pas désagréable à lire, mais son reflet dans la vitrine rendait mieux.


Son reflet, et puis aussi surtout son grand frère, le Songe à la douceur, dont j'avais tellement aimé la justesse, la sincérité et l'incroyable tendresse. C'était vraiment une très belle histoire adolescente, que je recommande à tous les petits coeurs tendres quel que soit leur âge.


Cet aspect intemporel disparaît complètement dans Brexit Romance. On est dans une extrême immédiateté. Ça parle Twitter, Uber, Brexit bien sûr, mais aussi Candy Crush, chaussons licorne et mugs ananas, ça cite Macron dans le texte, ça cause start-up nation et esprit disruptif, c'est amusant 10 minutes mais c'est couillon, moi j'avais pas trop envie de lire un profil FB au départ, mais plutôt un roman.

De plus, la critique contre le monde 2.0 est... comment le dire gentiment ?
Consensuelle.


Alors même si on ne s'attend pas à quelque chose qui va révolutionner notre rapport à la littérature quand on prend cette grosse meringue bleu pastel et blanche à la bibliothèque, une petite intrigue bien amenée, moi je dis "allez hop, je vous prends le tout", je suis pas bégueule. Mais là, quand tout se voit à des kilomètres aux alentours de la page 22, il y a un petit problème. Et à vouloir transcrire cette époque qui galope, Clémentine Beauvais remplit trop son listing, et ses personnages en pâtissent : moins fins, moins attachants, voire même carrément chiants (je dis pas ça pour toi, personnage principal, mais si un peu tout de même). Et toute cette immédiateté, ce sentiment que le livre a été écrit avant-hier, ne le rend pas vraiment vivant, ou plutôt live. En fait, il en devient tristement passager, éphémère, volatil.


Donc là, légitimement, les 6 étoiles ci-dessus viennent un peu te surprendre, ami.e Senscritipriote. D'où viennent-elles, vu que je viens de démonter l'intrigue, les personnages et la soi-disante modernité du bidule ? Hé bien, comment un carrot cake bien relevé sous une montagne de glaçage au sucre, le vrai sujet de ce roman, ça reste l'amour que Clémentine Beauvais a pour le Royaume-Uni. Et là, je la rejoins. Elle retranscrit à merveille tout le décorum, les bizarreries, les 1001 intraduisibles choses qui rendent ce pays si déroutant et attirant pour leurs voisins français. Et c'est dans cette écriture tendrement moqueuse, ce regard français très anglophile et furieusement anti-Brexit que le roman trouve sa vraie voix. Si comme elle et moi, cette peuplade vous exaspère et vous fascine à la fois, vous risquez de passer un assez bon moment.
Quite.

Elosezhello
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le 2 déc. 2019

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