Dans une vallée perdue et coupée du monde vit la famille Volny. Une famille composée des parents, Martin et Martha, des quatre enfants, Matthieu, Marc, Mabel et Luc et du grand-père, Elie. Une famille ou plutôt un assemblage d’âmes blessées qui ne savant pas dire l’amour ou exprimer la tendresse. Les quatre enfants se sont construit un monde à eux, hermétique aux autres. Un monde qui les protège de la violence du père et de la bigoterie de la mère. Comme tous les habitants de la vallée, la famille travaille pour un personnage énigmatique et tyrannique, Joyce, qui a étendu son pouvoir sur toute la ville. Mais bientôt une succession de micro-événements va faire basculer l’ordre établi et renverser l’équilibre des forces.
Comme il est difficile pour ce roman de venir à la suite de Né d’aucune femme et de ce personnage si entêtant de Rose.
Franck Bouysse évite l’écueil de la comparaison en nous entraînant à la suite d’autres destins, au cœur du Massif Central dans cette vallée du Gour Noir habitée par des forces antagonistes qui vont lutter pied à pied. On y retrouve bien sûr son style si particulier fait de poésie et d’une langue riche et précise. Mais là où Né d’aucune femme fonctionnait à l’économie de personnages, ici ils se multiplient et créent une chaîne de liens de plus en plus imbriqués et serrés jusqu’au dénouement. La succession des événements s’enchaine sans qu’on sache lequel exactement est à l’origine du basculement, si tant est qu’on puisse le dater avec certitude.
Veillés par deux anges gardiens (Elie, le grand-père et Gobbo, un marin devenu ami de Martin) les membres de la famille se heurtent, se combattent, s’apprivoisent, se retrouvent au sein d’une même lutte pour la survie et contre le tyran qui les tient tous dans sa main. Ce roman noir traversé de moments de grande luminosité tient à la fois de la saga familiale, du roman naturaliste et du nature writing.
Un mélange très réussi qui nous conte des rêves de liberté, l’envie de rédemption, la puissance des liens fraternels.