Ce roman de l’actrice Sylvie Testud est sorti en 2014, il y a donc un petit moment. Mis en avant à la médiathèque, je me suis dit après tout pourquoi pas. J’aime beaucoup la comédienne, pas tous ses rôles, mais certains m’ont vraiment bouleversée. A titre d’exemple celui de Christine Papin dans le film « Les Blessures assassines » réalisé par Jean-Pierre Denis. Alors pourquoi pas découvrir l’auteure.
Son expérience au service du récit
Sybille, Sylvie. Sylvie, Sybille. Un seul et même personnage ? Pour ma part, j’y ai tout de suite vu un parallèle assez saisissant. Comédienne, réalisatrice, scénariste, écrivain … Sylvie Testud a réalisé son premier long métrage en 2011, « La Vie d’une autre », entre Paris, la Belgique et le Luxembourg tout comme Sybille dans le roman. Coïncidence ? Je ne pense pas. Certains détails sur le métier de comédienne, les anecdotes sur les rouages de la production, les difficultés rencontrées, l’ironie de certaines situations critiques, les heures passées à tricoter et détricoter un script qui ne convient toujours pas … J’aime à penser que seule une comédienne, prête à réaliser son premier film, pouvait écrire toutes ses choses avec autant de réalisme, de recul et de sens critique.
J’ai eu la sensation que Sylvie Testud avait besoin de régler ses comptes avec la profession, d’évacuer une boule angoissante gisant au fond d’elle-même et qu’il lui fallait la cracher coûte que coûte. Elle a choisi l’écriture pour le faire et si tel était l’objectif alors le roman est plutôt une réussite. Cependant, je ne suis pas certaine de le conseiller. Elle enfonce des portes déjà grandes ouvertes et pointe du doigt ce dont nous avons déjà conscience : l’industrie du cinéma est une machine bien huilée qui peut se révéler perverse, destructrice et malveillante. Enlevez les décors, le maquillage, la coiffure, le costume et il ne reste qu’un chéquier supportant un plan de financement qui ne tient qu’à un fil.
Le journal de bord d’une comédienne
J’ai eu la sensation de lire un journal de bord d’une comédienne qui se prépare à vivre sa première expérience de réalisatrice. Alors pourquoi avoir créé le personnage de Sybille pour raconter un vécu ? La lecture donne la sensation que Sylvie Testud a voulu se cacher derrière Sybille pour « confesser », pour « tacler » et faire un croche pied à la profession. Seule la présence d’Adrien, son « copain », sert la structure du roman. Il apparait comme le seul regard extérieur sur cette histoire. Il se fait l’avocat du diable pour contrecarrer toute sa démarche et mettre le doigt sur l’absurdité de la situation. J’ai trouvé chacune de ses interventions vraiment très intéressante et fine avec ce qu’il faut d’agacement et d’antipathie.
En somme, un bon moment avec ce roman mais si vous devez vous y pencher, n’en faites pas une priorité.