Il faut croire à la magie pour réussir à la percevoir.
Cette phrase vient du mexicain Guillermo Del Toro, assurément un de mes cinéastes préférés. Pas parce qu'il fait les meilleurs films, ou qu'il est le plus grand metteur en scène monde, non. Non, tout simplement parce que son univers me parle. Parce qu'il est le genre de réalisateur que j'aurais aimé être si j'en avais eu l'opportunité et, surtout, le talent.
Dans chacun de ses films, que je les aime, les adore ou n'accroche pas, il y a toujours un élément, un détail, une idée, une scène, qui va rester gravée dans mon esprit. Le scarabée mécanique de "Cronos", la mort atroce d'un gosse dans une production aussi calibrée que "Mimic", la gigantesque bombe encastrée dans le sol de "L'échine du diable", le lever de soleil final de "Blade 2", le mécanisme de Kroenen dans "Hellboy", l'ambigüité du Faune dans "Le labyrinthe de Pan", l'ange de la mort de "Hellboy 2", la petite fille à la chaussure rouge de "Pacific Rim"... Ce mec et son univers me parlent, tout simplement.
Conçu en collaboration avec Marc Scott Zicree, "Cabinet de curiosités" nous parle du cinéaste, de son monde, de ses influences, de ses obsessions, de son parcours, par le biais de deux choses aussi fascinantes l'une que l'autre. D'abord, sa résidence Bleak House, cabinet de curiosité renfermant des trésors infinis pour n'importe quel collectionneur, allant d'une statue grandeur nature à l'effigie de Lovecraft, à des peintures signées Giger ou Struzan, en passant par moult crânes et autres objets délicieusement macabres.
L'autre objet d'importance qui nous est en partie dévoilé ici, est une sorte de talisman chez Del Toro, un truc tout bête qui tien dans la poche. Un carnet. Le cinéaste noirci des pages entières depuis toujours, griffonne des idées, des concepts, des croquis, qui serviront à tel film ou à un autre, ou qui ne sortiront peut-être jamais du stade de la simple esquisse. Ces gribouillages sont plus parlant que des mots, que des grandes phrases, et nous donnent une petite idée de ce qui se passe dans la tête du mexicain, qui conçoit ses oeuvres comme un gigantesque tout.
Foisonnant, superbement illustré, nourri de témoignages prestigieux (on y croise Mike Mignola, Neil Gaiman, James Cameron, Alfonso Cuaron, John Landis, Tom Cruise et bien d'autres encore), avec pour fil conducteur une longue interview du bonhomme par Marc Scott Zicree, "Cabinet de curiosité est un des plus beaux ouvrages sur le cinéma, sur la création, que j'ai eu la chance d'avoir entre les mains.
J'en remercie du coup ma chère petite maman qui me l'a généreusement offert pour les fêtes de fin d'année. Grâce à elle, ma bibliothèque s'est enrichie d'un superbe livre consacrée à un de mes magiciens préférés, un cinéaste cultivé loin du simple fanboy, et qui a manifestement conservé son âme de grand gamin.