Dans sa postface à Cadix, ou la diagonale du fou, Arturo Pérez-Reverte écrit que le livre est un roman, pas un ouvrage historique. Certes. Il n'en reste pas moins que son ambition semble être de recréer, avec un luxe de détails, ce que fut le siège de Cadix par les troupes françaises, au début du XIXe siècle. Avec un soin presque maniaque, comme s'il avait étudié à la loupe la carte de la cité andalouse et l'impact des 534 bombes qui ont éclaté dans la ville (sur un total de 5 574 tirs d'artillerie), pour une vingtaine de morts, seulement, serait-on tenté d'ajouter. Il faut faire confiance au romancier pour expliquer la géopolitique trouble de l'époque, sur terre et sur mer, il est là dans son élément. Et l'hommage à la résistance du peuple gaditan, à sa fierté hautaine, est aussi l'un des attraits du livre. Avec ses 5 à 6 intrigues parallèles, Cadix est cependant un ouvrage qui, s'il ne manque pas de souffle, tout au long de ses 760 pages, a parfois tendance à diluer l'intérêt. Qui trop embrase mal éteint, comme on ne dit pas dans l'artillerie. Le thème le plus immédiat est celui de l'enquête autour d'un tueur en série qui permet de faire la connaissance du commissaire Tizon, autodidacte, violent, voire sadique, qui met sa vie en jeu pour découvrir cet assassin qui semble prendre la ville pour un échiquier sanglant. Le portrait est saisissant, tout comme celui de deux autres personnages singuliers : un corsaire revenu de tout et une femme d'affaires déterminée qui semble promise à un destin de vieille fille. L'idylle qui aurait pu être entre ces deux-là, la gaditane et le capitaine, donne lieu à des scènes capiteuses, où Pérez-Reverte montre le désir et la bienséance se livrer un combat de titans. Ce sont les meilleurs passages du roman, les plus vibrants. Qui font oublier les longueurs obligées de ce roman-fleuve qui laisse parfois sur ses berges. Avant de vous harponner de plus belle ...