Juste après le confinement, le Tom’s – un nom qui fait référence à une chanson de Suzanne Vega – , un bar dans une petite ville de province rouvre ses portes. Chacun reprend sa place, derrière le bar, au comptoir, à une table près de la fenêtre ou en terrasse. Il y a d’abord le patron, Fabrice, qui a repris l’affaire après que Jocelyne ait pris sa retraite après une longue carrière passées à servir et à écouter les clients. À ses côtés, il y a le serveur, José, qui seconde au pied levé son patron, il y a aussi Chloé, une jeune femme assise à la table du fond, de retour de voyage et qui dessine sur son petit carnet des croquis qui intriguent un peu. Il est aussi un écrivain local, une mère et son fils qui semblent plongés dans une conversation, et bien sûr, Jocelyne qui passe de temps en temps. au Tom’s… On ne quitte pas une vie de “patronne de bistrot” si facilement.


Dans son nouveau roman en forme de huis-clos, Jean-Philippe Blondel imagine un récit choral dans lequel l’histoire personnelle des différents protagonistes s’imbrique dans celle des autres. Au fil des pages, on va apprendre à connaître chacun et chacune, se rendre compte que certains sont liés avec d’autres, qu’ils partagent un bout d’histoire commune. Le roman est ponctué de souvenirs, mais fait aussi référence très directement à la période actuelle, aux réseaux sociaux et surtout à ce confinement vécu plus ou moins bien par les uns et les autres, ce moment où tout s’est arrêté et où il a fallu apprendre la solitude avant de retrouver la vie en collectivité.


Le récit avancé au gré du récit des différents protagonistes, chaque chapitre donnant tour à tour la parole aux hommes et aux femmes présents dans le café. A leur manière, ils évoquent leurs rapports aux autres et leur histoire personnelle. On lit tout ça comme si on était au milieu de tout ce petit monde, écoutant les souvenirs, les confidences, les anecdotes, mais aussi les doutes, les envies, les projets de chacun et plus généralement tout ce qui fait le sel d’une discussion entre les clients d’un café.


Avec la délicatesse qu’on lui connaît, l’auteur de Un hiver à Paris tisse une galerie de personnages à l’écoute les uns des autres, tous assez attachants et sincères rassemblés dans un lieu unique.
Un roman plein de tendresse et de simplicité qui se déroule le temps d’une journée de l’ouverture à la fermeture du bar, qui se lira avec beaucoup de plaisir et que l'on verrait très bien adapté en pièce de théâtre ou en film par la suite.


https://www.benzinemag.net/2022/04/28/cafe-sans-filtre-au-comptoir-avec-jean-philippe-blondel/

BenoitRichard
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le 28 avr. 2022

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Ben Ric

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