Effroyable. Froid. Violent. Glaçant. Dérangeant.
Ce livre est une immersion brutale en enfer, une suffocation permanente, un uppercut bien placé. Et la première idée qui m'est venu à l'esprit fût : mais à quoi donc peut servir un tel livre ?
Un étalement de violence, 36 heures de vices dans la peaux de désaxés, des scènes tellement crues qu'elles en deviennent insupportables. Juste pourquoi ? Pour relater un simple fait-divers ?
Un fait-divers, certes, mais sûrement pas simple...
Ce livre relate les quelques heures qui se faisaient charnière de toute une époque. L'époque du début de la contraception orale. L'époque de Bob Dylan et des Pink Floyd. L'époque de Woodstock et des hippies. L'époque de la libéralisation des moeurs, de la révolution sexuelle.
Tout cela balayé en un soir, dans une villa nichée au sein d'une colline calme de Los Angeles, loin du vacarme de la ville. Un fait-divers qui laissa une Amérique gourde et sonnée au réveil, faisant scintiller sur les vieux écrans télé ces photos d'une jeune femme d'une beauté tapageuse : Sharon Tate.
Sharon Tate, enceinte, compagne de Polanski, violemment assassinée avec ses amis, dans sa villa.
Et par qui ?
Par trois jeunes hippies, dont deux jeunes filles d'à peine vingt ans, droguées et surtout sous l'emprise d'un raté devenu gourou : Charles Manson.
Ce livre a donc une portée historique. Chaque mot, chaque geste s'est déroulé effectivement, il y a bientôt cinquante ans. On croit lire un roman, on lit un véritable rapport de police à la première personne. Une reconstitution froide et violente, comme si le martyre de Sharon Tate se passait une seconde fois sous nos yeux.
Le temps se dilate, dans la villa. Les scènes insupportables s'alignent. Chaque page est un pas de plus dans l'horreur la plus pure, la plus véridique. Le style est net, précis, rien n'est laissé à l'imagination : Liberati ne nous épargne aucun détail sordide.
Dès lors, dur d'affirmer que ce livre fût un plaisir de lecture. Il en est plutôt un calvaire. Un calvaire nécessaire, certes, pour comprendre la fin de toute une époque baignée d'utopisme. Mais un calvaire tout de même... Un livre à lire, mais le coeur bien accroché.