J'avais commencé California Girls l'année de sa sortie et bien entamé je l'ai abandonné sans raison particulière au fond d'une valise. Il y sera resté quatre ans jusqu'à ce que les faveurs du confinement, qui m'auront circonscrit à la campagne, m'oblige à remettre la main dessus et à le finir.
Liberati est un phénomène, son œuvre est l'étalage de ses obsessions, parfois malsaines, et c'est encore plus flagrant avec California Girls. En voulant exorciser ses démons, il nous livre finalement un nouveau manuel de magie noire. L'énonciation de meurtres anarchiques dans le contexte d'un délabrement intellectuel caractérisé.
Le roman raconte et décrit les quelques jours de folie meurtrière dont sera prise une partie de la communauté hippie dirigée et commandée par le gourou Manson. On y est plongé, en apnée avec ces paumés illuminés où rien ne nous est épargné, surtout pas le supplice subit par Sharon Tate et les détails de son assassinat. Liberati y ajoute ses dialogues et ses fragments descriptifs pour que l'illusion d'avoir vécu ces moments, immergé dans ce tourbillon, soit parfaite.
Il y a deux catégories d'individus en occident, les fascinés de Charles Manson et les autres, indifférents à l'envergure des faits. Cette fascination pourrait relever de celle que l'on peut éprouver pour certains tyrans et dictateurs où la manipulation d'esprits faibles est une discipline de seigneurs du mal induite par une psychopathologie gonflée au délire mystique.
Pour conclure, un bon livre de Liberati et comme tous les Liberati à ne pas mettre entre toutes les mains, réservé aux initiés, aux clairvoyants de l'occulte, aux marginaux culturels, à ceux dont l’âme fait des étincelles. C'est toujours bien écrit, au service de son sujet (et quel sujet !),apportant un éclairage nouveau, un point de vue nécessaire. Bien sûr c'est un roman, inspiré de faits réels, mais on se sent après lecture un peu plus au fait d'une des tragédies fondatrices de notre présent.
Samuel d'Halescourt