Il semble que Mérimée ait voulu rendre un hommage à la culture des bohémiens. La race d'Egypte comme on disait très abusivement à l'époque, les roms comme on dit quand il s'agit de les exclure, ou les gens du voyage comme on dit quand on veut rester politiquement correct. Objectif raté, Carmen est un poncif de tous les clichés entourant les bohémien (appelons-les comme ça).
Les femmes sont des sorcières, qui usent de leur charme, ou à défaut de leur magie, pour pervertir les hommes. Ce sont des voleuses sans scrupules, et globalement sans scrupules dans un aucun domaine. Les hommes sont dangereux, et sortent leur couteau pour un mot plus haut que l'autre. Mérimée va dans le sens inverse du message qu'il veut faire passer. On a juste envie des encore plus méfiants envers les bohémiens après avoir lu Carmen. Tout ça est très romancé, mais nous sommes en pleine période romantique, on ne peut pas forcément lui en vouloir pour ça.
Et puis Mérimée joue les ethnologues, surtout avec le dernier chapitre dans lequel il tente d'apporter plusieurs éclairage sur cette culture peu connu. L'intention est louable mais on peut douter de la justesse de ses informations ou de ses sources. Personnellement je n'en sais pas plus que Mérimée sur les bohémiens mais la plupart de ses thèses paraissent discutables. On ne s'improvise pas ethnologue. Occupe-toi de tes monuments historiques et fout la paix aux bohémiens.
A part ça ce n'est pas désagréable à lire, même si l'histoire sans le déjà vu, et que Mérimée fasse son récit quasiment tout d'un bloc, ce qui est un peu lourd. Ce genre d'histoire c'est pas ma tasse de thé. Et dire que ce roman a inspiré un opéra. Et ben, il en faut peu à Georges Bizet.