Bullies.
Il est parfois difficile de s'atteler à la lecture d'un livre dont on connait plus ou moins la fin, dont on connait déjà les grandes lignes de l'histoire. Sans avoir lu la moindre page du roman...
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le 28 avr. 2013
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9
"Carrie" est la deuxième œuvre de Stephen King que je lis, la première fut « Ça ». Même auteur, même pays, même Etat, mais ambiances différentes ; en lisant « Carrie », je n’ai pas senti une seule fois le besoin de vérifier si il y avait quelqu’un (ou quelque chose...) sous mon lit. « Carrie » n’est pas un livre d’épouvante, mais King installe tout de même une atmosphère pesante, malaisante tout au long du bouquin. Ce qui m’a le plus marqué dans ce livre, ce sont les nombreux fils conducteurs, qui donnent l’impression, quand on finit le livre, que la boucle est bouclée. Je vais donc détailler les trois qui ont le plus retenu mon attention.
1er fil : la relation mère-fille :
Carrie est arrachée par la dualité de ses sentiments envers sa mère tout au long du livre. Elle aime sa mère autant qu’elle la déteste. Et je dis « mère » mais Carrie utilise toujours le terme beaucoup plus affectif et doux de « maman » lorsqu’elle lui parle ou parle d’elle. Carrie essayera toujours en vain de lui pardonner sa méchanceté, de lui donner une chance de devenir la vraie mère qu’elle devrait être.
Malgré ça elle finira quand même par la tuer. Carrie, on l’a vu, est capable de provoquer des morts dans des souffrances relativement atroces. Ses camarades ont beau avoir été durs avec elle, sa mère restera la personne qui l’a le plus tourmentée dans sa vie. Mais Carrie choisit pour sa mère d’arrêter progressivement les battements de son cœur, ces derniers étant tous ponctué par la récitation de sa dernière prière; une mort relativement douce (comparée aux autres). Sa mère l’a pourtant poignardée encore une fois dans le dos, au sens propre et figuré du terme. En choisissant cette mort, Carrie montre une dernière fois que malgré tout elle l’aime, mais plus aucune marche arrière n’est possible.
Et puis arrêter le cœur de sa maman permet aussi à Carrie d’avoir la preuve qu’elle en avait bien un au final.
2ème fil : le sang :
Le sang est omniprésent dans le livre. Il arrive d’abord par le début des menstruations de Carrie, et est ensuite rappelé par la couleur de la robe de bal de Carrie. Il est ensuite (plutôt bien) soutenu par le sang des cochons, puis par les reflets flamboyants de l’incendie qui se propage dans la ville. Enfin, ce rappel au sang se finit par l’arrivée spontanée des règles de Sue.
Aussi, tout au long du livre, afin de nous expliquer le caractère dominant/récessif du gène TK, un parallèle est fait avec le gène qui cause l’hémophilie.
Cependant, on remarque bien que toutes les mentions de sang sont toujours subies par Carrie. Elle subit ses règles, elle subit le sang des cochons, et elle subit la lame de couteau de sa mère. Carrie n’aime pas la vue du sang, et c’est pour cela qu’elle choisit des morts non sanguinolentes pour l’ensemble de ses victimes. Elle est à beau être la coupable de la quasi totalité des morts, elle n’aura au final versé aucune goutte de sang. Et elle porte d’ailleurs plutôt bien son nom de famille, Carrie White.
3ème fil : la recherche de la rédemption :
Beaucoup de personnages sont en quête de rédemption :
Margaret, qui essaye au travers de ses nombreuses séances de prières, de se faire pardonner d’avoir eu un orgasme lors de la conception de Carrie. Elle n’arrivera au final jamais à se le pardonner, peut être parce qu’il n’y a rien à se faire pardonner après tout...
Sue, quant à elle est le personnage auquel on s’identifie le mieux, ou du moins auquel on aimerai s’identifier. Qui n’a jamais eu une brimade envers un de ses camarades de classe et a regretté ensuite le soir dans son lit?
Pour suivre le mouvement de groupe, pour faire comme les gens populaires et pour se convaincre de la vie future qu’elle se dessine, Sue participe à la moquerie de Carrie sous la douche. Après cela, elle s’en veut, et pour se faire pardonner (ou pour s’auto-pardonner plutôt) elle prête son cavalier à Carrie pour le bal. Veux t’elle simplement se priver de la fête? Pense t’elle que Tommy n’est qu’un pantin, un lot de consolation? Si aucun des événements catastrophiques du bal ne s’étaient finalement passé, que comptait faire Sue après? Faire de Carrie sa meilleure copine? Un geste bien désespéré qui laisse sembler que Sue savait au fond d’elle que tout irait de travers, la mort de Carrie étant pour elle le seul moyen d’avoir la paix éternelle.
Conclusion :
Au final, je mets la note de 8 à « Carrie ». Je l’ai beaucoup apprécié, on s’y plonge facilement et il est prenant, et j’ai bien aimé ce sentiment d’accomplissement que l’on a lorsqu’on le finit. Pour ma part, je trouve juste dommage « l’utilisation » de Tommy (clairement c’est le mot). Il aura finalement bien été le seul à avoir respecté Carrie du début à la fin. Alors pourquoi ne pas avoir donné plus de profondeur et d’importance à ce personnage? Carrie déclenche l’arrosage du gymnase uniquement parce qu’elle a honte, et ne fait pas ça pour venger Tommy qui est mort pourtant juste à côté d’elle.
Le gêne TK est un gène dominant chez les femmes uniquement. Ainsi, M. King essaye de mettre en avant le pouvoir des femmes, qui est certes bien présent dans le bouquin mais est-ce une raison pour faire des personnages masculins soit des brutes qui ne pensent qu’au sexe et à la violence comme Billy, soit des hommes d’affaire vaniteux comme le père de Chris, soit des pantins complètement écervelés comme Tommy?
Créée
le 17 mai 2019
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