"La Vérité est singulière,...
...ses versions sont des contrefaçons."
Cette assertion de Sonmi-451, l'un des principaux protagonistes, destiné à se désincarner pour devenir symbole et délivrer ce message, est sans doute la note d'intention la plus explicite de cet ensemble de petites histoires imbriquées comme des poupées gigogne, pour ainsi dire narrées à travers la grande, celle de la Civilisation. Et si, pour paraphraser, nous posions que "La Vérité de l'humain est unique, ce sont ses incarnations multiples qui sont des malentendus" ("Diabolos" ne signifie-t-il pas "division") ?
"Les pensées qui mènent le monde arrivent sur des pattes de colombes" (Nietzsche)... ainsi le lecteur de cette "cartographie des nuages" est-il lui-même appelé à opérer en lui ce travail de reconnexion avec l'Espèce, à travers et à l'exemple de chacun des personnages et des documents qu'ils se transmettent au fil des époques. Ingestion et régurgitation. Nature et culture. Héritage et transmission. Big Bang et Big Crunch. Yin et Yang. Réunion et séparation. Involution et évolution. Inspiration et expiration. Arbitraire et convention... car le sens même, dans sa multitude de sens (!) , est convention. L'ensemble se contient lui-même et il est un ensemble de plusieurs ensembles, a contrario de l'axiome logique et mathématique. Narrateur donné et lecteur trouvé (vous, moi) ne font qu'un. Nous sommes tous "un" et "autre". Nous sommes un parce que autre.
"Au fond, tout se confond"... n'est-ce pas la noblesse de la fiction que de nous le rappeler ? Un chef-d’œuvre incontestable.