Loin de se contenter de régner sur son empire médical et son réseau de cliniques à Belém, au nord du Brésil, le richissime docteur Clayton Marollo complète ses confortables revenus en ouvrant des casinos clandestins. Viennent s’y presser, dans ce pays où tout jeu d’argent est prohibé, aussi bien le gratin de la ville, notables et hommes politiques, que les malfrats en tout genre. Parmi les familiers, deux figures incontournables, Gio, que Marollo a sorti de la rue pour en faire son bras droit, et Paula, jeune joueuse professionnelle de poker, vont apprendre à leurs dépens qu’il est dangereux de se faire remarquer dans ce milieu infesté par la pègre…


Journaliste natif de Belém, c’est à la manière d’un correspondant de guerre, au travers d’un personnage reporter et romancier amené à recueillir, à ses risques et périls, les confidences de première main d’un redoutable caïd, que l’auteur déroule son récit. Il en résulte une crédibilité qui rend fiction et réalité inextricables. Autour de Marollo, Gio et Paula, se tisse bientôt un faisceau de fils narratifs, faisant apparaître une myriade de protagonistes, tous aussi peu recommandables les uns que les autres, et dessinant un tableau sans fard de la violence et de la corruption qui, loin de demeurer l’apanage de ses malfrats, gangrènent en réalité toutes les couches de la société de cette grande ville. Argent, pouvoir, plaisir : tout est motif de meurtre et rien n’y fait obstacle, puisque les forces de l’ordre elles-mêmes ont perdu le droit chemin. Ne demeurent que rapports de force et terreur, dans une escalade où le plus fort d’aujourd’hui rencontrera forcément son maître demain.


Sidéré par le tourbillon sans fin de brutalité et d’abjection dans lequel s’enfonce la narration, souffleté par l’écriture sèche, mêlée d’oralité, qui restitue sans filtre la vulgarité et la cruauté des protagonistes, le lecteur ressort d’autant plus assommé de cette immersion en enfer que tout y paraît plausible et authentique. Jamais auparavant le Brésil ne m’était apparu sous un jour aussi noir, assez comparable à ce qu’il me semblait jusqu’ici le paroxysme mexicain.


https://leslecturesdecannetille.blogspot.com

Cannetille
7
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2021

Critique lue 17 fois

Cannetille

Écrit par

Critique lue 17 fois

D'autres avis sur Casino Amazonie

Casino Amazonie
Cannetille
7

Enfer au Brésil

Loin de se contenter de régner sur son empire médical et son réseau de cliniques à Belém, au nord du Brésil, le richissime docteur Clayton Marollo complète ses confortables revenus en ouvrant des...

le 7 déc. 2021

Casino Amazonie
louiscanard
8

Jeux interdits

Profondément impliqué dans la vie de sa ville natale, Belem, capitale de l'état de Para, au Brésil, E. Augusto en fait le décor palpitant de son histoire, un triangle amoureux observé sur plusieurs...

le 10 mars 2022

Casino Amazonie
Verstraete_Oliv
8

Augusto au sommet de son art

Retrouver la plume d'un auteur que l'on chérit est un plaisir mais aussi une petite inquiétude . ben oui, s'ils nous décevait cette fois-ci? Et si le livre n'était pas à la hauteur de l'attente, si...

le 3 mai 2021

Du même critique

Veiller sur elle
Cannetille
9

Magnifique ode à la liberté sur fond d'Italie fasciste

En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye italienne. Il n’a jamais prononcé ses vœux, pourtant c’est là qu’il a vécu les quarante dernières années de sa vie, cloîtré pour rester auprès d’elle :...

le 14 sept. 2023

19 j'aime

6

Le Mage du Kremlin
Cannetille
10

Une lecture fascinante

Lui-même ancien conseiller de Matteo Renzi, l’auteur d’essais politiques Giuliano da Empoli ressent une telle fascination pour Vladimir Sourkov, « le Raspoutine de Poutine », pendant vingt ans...

le 7 sept. 2022

18 j'aime

4

Tout le bleu du ciel
Cannetille
6

Un concentré d'émotions addictif

Emile n’est pas encore trentenaire, mais, atteint d’un Alzheimer précoce, il n’a plus que deux ans à vivre. Préférant fuir l’hôpital et l’étouffante sollicitude des siens, il décide de partir à...

le 20 mai 2020

17 j'aime

7