Roman inachevé de Louis Ferdinand Céline, Casse-Pipe semble reposer sur un postulat assez osé ; faire vivre la guerre à son lecteur en l'empêchant de progresser dans le texte.
La lecture de ce roman est difficile à l'image d'un Berlin Alexanderplatz, du fait des nombreuses onomatopées et autres interjections qui émaillent le récit. Je suis parvenu au bout, mais dieu que c'était dur. Très honnêtement, il s'agit d'une lecture assez épouvantable tant le style et le rythme sont hachés. Ca retranscrit certainement très bien l'ambiance d'un champ de bataille, mais je me demande franchement si c'était nécessaire. Simplement parce que le texte devient épouvantablement lourd et redondant une fois l'idée assimilée. A titre d'exemple, Bartek le Victorieux, une nouvelle de l'écrivain polonais Henryk Sienkiewicz, exploite bien mieux les onomatopées et l'aliénation du langage par la guerre, en ajoutant également d'autres couches de compréhension comme la vampirisation de la langue allemande sur le soldat polonais.
Concernant les descriptions des champs de batailles et le témoignage de l'expérience de guerre, je n'y ai pas trouvé plus d'intérêt que dans d'autres ouvrages traitant du même sujet.
En définitive, Casse-Pipe présente sans doute un intérêt pour les fanatiques de l'oeuvre de Céline et les biographes. Pour le reste, la lecture de cet ouvrage me semble hautement dispensable, autant s'intéresser aux classiques de Céline ou à d'autres nouvelles plus riches sur le sujet.