Catch 22 par Nonivuniconnu
Catch 22 est absurde. Absolument. Je veux dire : complètement. D'un bout à l'autre. En même temps, il n'en est pas moins totalement cohérent. Le point commun de ses nombreux personnages : la guerre. La plupart sont des soldats, basés sur une petite île proche de l'Italie. L'intrigue tourne autour de l'un d'eux : Yossarian, persuadé que tout le monde veut le tuer et bien décidé à ne pas faire un vol de bombardement en plus. Malheureusement pour lui, ses supérieurs ne l'entendent pas de cette oreille et utilisent une combine tordue (l'Article 22) pour empêcher tout rapatriement non sans augmenter sans cesse le nombre de missions à effectuer par les hommes. Du coup, Yossarian innove, plus ou moins bien aidé par ses compagnons d'infortune, dans sa quête de tranquillité.
A la lecture, l'univers dans lequel évolue Yossarian semble bien suivre une logique mais il ne s'agit incontestablement pas de la nôtre (pas la mienne, en tout cas), ou alors tellement déformée qu'elle en devient méconnaissable. Toujours est-il que si la folie qui imprègne le roman est en général plutôt douce, elle sous-tend pourtant un message radical : j'entends par là une critique violente de la guerre (qui par certains moments peut évoquer Voyage au bout de la nuit, de Céline). A ce niveau-là, c'est plus que réussi, voire magistral, et ça pousse à la réflexion. Car chaque personnage, qu'il soit aumônier, colonel, pilote ou encore gérant de mess, a quelque chose à dire à son absurde façon.
Il y aurait beaucoup à écrire sur ce livre, et ça a d'ailleurs déjà été fait. Par cette courte chronique, je ne peux finalement qu'encourager quiconque à prendre son courage à deux mains et à se lancer dans Catch 22, non sans oublier de changer de mode de logique au passage, sous peine d'y perdre la raison.