Ma colocataire australienne me parlait sans cesse de ce bouquin, et plus elle m'en parlait moins j'avais envie de le lire (oui, je sais, c'est con, mais c'est humain). A bout d'argument elle me l'acheta carrément . Rien à faire, je comprenais rien aux deux premiers chapitres, complètement taré le mec franchement, aucun sens, en plus difficile en anglais vraiment, le truc me tombait des mains.
Faut dire aussi, un énième bouquin sur la seconde guerre mondiale, j'en avais déjà lu tant! Et pis franchement, par un américain? Mais les mecs ils ont jamais eu une guerre sur leur sol comment ils pourraient retranscrire un truc pareil?
Des années plus tard, en pleine nostalgie (de ma coloc, pas de la guerre) je suis retombée dessus.
Et là,... la claque. Monumentale. J'avais oublié que ça pouvait remuer les tripes à ce point un livre.
Cette claque est aussi le bouquin qui m'a fait le plus rire de toute ma vie. Des claques littéraires c'est rarement très rigolo pourtant.
On lit Yossarian, ses amis loufoques, les situations absurdes dans lesquelles il se fourre. Et on rit, toute l'horreur de la guerre est dans ses pages, étalée en énorme et on rit encore. Et l'horreur s'intensifie, se précise, et on rit quand même. Et on finit avec ce serrement de tripes horrible parce que quand même on la sent l'horreur et on se demande pourquoi on rigole toujours alors qu'au fond on a envie de se taper la tête contre un mur.
Un style plein de génie qui réussit le tour de force de nous faire toucher cette absurdité bien réelle de la guerre non seulement sans tomber dans le larmoyant ou le geignard mais carrément en nous faisant rire. Un vrai bijou. On en ressort fatigué d'avoir autant ri mais également écoeuré durablement de cette boucherie que devient tout conflit armé.
Un chef d'oeuvre de pacifisme.
NB: Un peu dur au début car histoire complètement dans le désordre, il faut passer quelques chapitres si ça bloque, et attention en anglais c'est pas le truc le plus facile