Ceux qui ont déjà fréquenté Paul Cleave par le passé savent plusieurs choses : 1. Que ses récits sont très addictifs et qu'il est difficile de les lâcher en cours de route. 2. Qu'il ne faut pas chercher à tout prix la crédibilité dans ses intrigues qui fourmillent d'invraisemblances 3. Que l'auteur n'hésite pas à aller très loin dans la violence et l'horreur. Ceci posé, le romancier néo-zélandais a placé la barre très haut dans ses livres précédents, par exemple L'employé modèle, et Cauchemar peine vraiment à atteindre le même niveau, surtout dans une dernière partie un peu en roue libre où les coups de théâtre se multiplient et où son héros, flic déclassé, prend des coups sans arrêt, à se demander d'ailleurs comment il peut encore tenir debout. Malgré une certaine surenchère, un peu gratuite, dans le sadisme, Cauchemar ne manque pas d'intérêt, évidemment, marqué par l'efficacité de l'auteur néo-zélandais qui a pour une fois délaissé sa ville de Christchurch pour un coin d'Amérique du Nord trop impersonnel, malgré les efforts incessants de Cleave pour décrire l'environnement particulier de cette région imaginaire. Quant au héros du livre, cet ancien policier ne manque pas de profondeur psychologique, partagé entre une certaine humanité et un côté noir qui le pousse à ne pas retenir ses coups, et plus si affinités, mais voilà, on a a assez l'habitude dans le monde du polar de ces personnages quasi bipolaires . Percutant mais parfois trop échevelé et abracadabrant, Cauchemar parvient moins cette fois-ci à maintenir l'intérêt sur la longueur, ce qui n'empêche pas de prendre rendez-vous pour une suite qui semble se dessiner vu les dernières lignes du livre.