Bon, la fascination de Dick sur les relations professionnelles et le monde de l'entreprise (ou de la politique) est vraiment flagrante, à tel point que je dis ici, haut et fort, qu'elle a plus d'importance que sa fascination pour la réalité. Oui oui, Chez K.Dick il y a de cela ABSOLUMENT PARTOUT, et là c'est dingue, c'est le même univers qu'Ubik mais l'histoire est uniquement politico-financière. Tout le fil de l'intrigue est cousu là dessus. Cette fascination pourtant on n'en parle jamais quand on présente K.Dick mais je crois que désormais c'est par elle que je le définirai et c'est ainsi que je présenterai l'auteur à tous ceux qui veulent le découvrir : écrivain de SF fasciné par les relations professionnelles, le monde de l'entreprise et, en dernier lieu, par des questions plus floues sur la réalité.
Bien entendu tout cela se mélange dans ses histoires et c'est la rencontre des deux fascinations qui font germer son style. Toujours des questions professionnelles − donc terre à terre et menées par des enjeux sérieux, qu'ils soient financiers ou politiques − renversées par quelque chose de plus grand, d'instable, d'immatériel. C'est un navire solide secoué par des vagues de mystères.
Malheureusement avec cette nouvelle K.Dick n'atteint pas la puissance d'un Ubik ou d'un de ses meilleurs romans. La faute à quoi ? Et bien à une fin gâchée, alors que tout le reste était quasiment irréprochable (pour peu qu'on aime K.Dick bien entendu). C'est comme s'il s'était dit : « oh et puis merde, la flemme de continuer, j’ai suffisamment de matière pour envoyer à l’éditeur, j’arrête là ». Et je n'exagère pas, à la fin l'histoire n'est pas bouclée, le personnage principal part pour d'autres actions qui ont grand rapport avec l'intrigue, mais non, la dernière page se tourne et le lecteur est blasé.