Ovaldé est une auteure que je suis avec grand intérêt depuis "Déloger l'animal" et "Les hommes en général me plaisent beaucoup", des fictions que j'ai vivement appréciées.

À la parution de "Ce que je sais de Vera Candida", j'ai directement trépigné. Le fait que la blogosphère ait massivement adoré ce roman et que celui-ci se soit vu recevoir trois prix n'a fait que renforcer l'envie de le découvrir. J'ai donc houspillé les libraires et retourné les sites d'actu littéraire pendant deux ans pour m'informer au plus tôt de la date de sa sortie en poche.
Il a fini par arriver, mais ma patience n'a pas été récompensée.

J'enchaîne les déceptions ovaldesques. Son roman "Toutes choses scintillant", découvert en mars 2011, ne m'avait en effet nullement convaincue. Comme il s'agissait là du deuxième roman (sur sept) de l'écrivaine, je m'étais intimement persuadée que "Ce que je sais de Vera Candida" serait inversement remarquable – extraordinaire, transcendant? – de par sa nouveauté et le talent de l'auteure que je subodorais forcément mûri et bonifié à en flirter avec l'excellence...

Je ne prétends pas que "Ce que je sais de Vera Candida" soit « objectivement » moins bon, mais force est de constater que je n'ai pas partagé du tout le fervent enthousiasme de la plupart des lecteurs.

Et pour cause, je n'ai pas retrouvé cette atmosphère si singulière – cotonneuse, un peu moite et oppressante, comme dans un rêve à la fois savoureux et inquiétant – qui m'avait tellement séduite dans "Les hommes en général me plaisent beaucoup" et dans "Déloger l'animal".

"Ce que je sais de Vera Candida" est une fable moins réaliste et moins étrange que les deux fictions mentionnées supra. Or, ce cocktail d'étrangeté et de réalisme, intensément atypique et envoûtant, m'a ici beaucoup manqué. L'absence de ces caractéristiques qui m'avaient enchantée m'a rendu ce récit plat, insipide.

Aussi, il m'a semblé que l'emploi de la troisième personne du singulier au détriment de la première – utilisée dans tous les autres romans que j'ai lus de Véronique Ovaldé – a largement contribué à éclipser une certaine profondeur psychologique, nécessaire à mon ravissement.

Ce conte qu'on peut qualifier volontiers de « féminin » aborde largement la condition de la femme et dénonce par la même occasion la malveillance, la cruauté et la bassesse des hommes, ce qui m'est apparu comme une pernicieuse démonstration de misandrie : encore un « détail » qui m'a déplu !

Mettant au centre de son roman l'apparente fatalité de la vie, Ovaldé distribue équitablement des tendances opposées : la tristesse et l'espoir ; l'immuabilité et la révolution. Ce livre est sans conteste équilibré, mais le charme n'a malheureusement pas opéré sur moi, faute d'y trouver ce que je venais y chercher.

À deux romans aimés contre deux dépréciés, je ne sais plus me prétendre admiratrice de la prose de Véronique Ovaldé... "Et mon coeur transparent", présent dans ma PAL, départagera à l'avenir cette inconfortable ambiguïté. Pourvu que... !
Reka
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le 7 nov. 2011

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