Mettre une valeur pécuniaire sur certaines choses semble immoral. Et parfois cela l'est. Mais qui le décide ? Doit-il y avoir des domaines protégés de la logique financière ? Le politique doit-il intervenir, quand, où, comment ?
Michael Sandel donne de nombreux exemples : des médecins disponibles 24/7 par sms contre des frais de plusieurs milliers de dollars par an, l'accès payant à des voies plus rapides que les autres sur l'autoroute, les entreprises pariant sur la mort de leurs employés au travers de souscriptions d'assurance vie...
Il énonce ensuite qu'au delà de la pure loi du marché ("si la demande existe, l'offre doit pouvoir librement se mettre en place"), il existe deux complications autour de tels exemples:
- L'argument purement moral, qui explique que lorsque l'on vend certaines choses, on dénature ces choses par définition. Si l'on vend un rein, on diminue la valeur intrinsèque du corps humain, le ramenant au niveau de commodité que l'on peut vendre ou échanger.
- L'argument coercitif, qui explique que les échanges économiques ne sont pas toujours aussi volontaires que les supporters du libre-échange veulent bien l'admettre : toujours dans le cas de la vente d'un rein, le vendeur peut se trouver dans une situation économique de précarité, sa liberté de vendre son rein au plus offrant étant ainsi soumise à une situation externe qui le place en position de faiblesse.
L'essai part sur ces principes de base, et donne de nombreux exemples, mais sans sortir du cadre de l'exposition du problème. Pas vraiment d'exploration de quelle forme pourrait prendre une intervention politique dans ces échanges tarifés. Pas de solutions données par l'auteur.
Le point de vue exposé est donc intéressant, mais frustrant, et aurait pu (du) tenir en un quart du nombre de pages.