Dans la (riche) littérature latino-américaine contemporaine, le thème des années de plomb des dictatures revient souvent, a fortiori lorsqu'il s'agit de romans chiliens ou argentins. Ana Negri est mexicaine mais ses parents sont des réfugiés argentins et son premier roman, Ce que tomber veut dire, contient à coup sûr des éléments autobiographiques. Le livre se développe sur plusieurs registres, étroitement imbriqués : une relation mère/fille, alors que la santé mentale de la première vacille, l'histoire de celle-ci, avant son son départ de son pays natal, et enfin la vie de la seconde, symbole de la deuxième génération des exilés, qui cherche des réponses sur ses origines, tout en s'efforçant de mener une existence où le traumatisme maternel prenne moins de place. En résulte un récit fragmenté et tendu, assez répétitif et parfois traversé par un humour acide. La brièveté de l'ouvrage et cette construction volontairement erratique ne lui donnent pas de véritable profondeur, malheureusement, la jeune femme n'apparaissant pas sous un jour sympathique et sa mère étant vue seulement par les yeux de sa fille. La véritable héroïne de Ce que tomber veut dire aurait-elle dû être celle qui n'est plus ici qu'une ombre et dont le parcours reste opaque ? Quand le lecteur se prend à rêver d'une autre direction narrative, c'est que la frustration est évidente et l'impression générale mitigée. Tous les rendez-vous entre celui (celle) qui écrit et celui (celle) qui lit ne peuvent pas être réussis, c'est dommage mais mathématiquement logique.

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le 24 juin 2022

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