Alors je parlerai ici autant de l'oeuvre que de l'édition, puisque Cent onze haïku est un recueil qui comprends plusieurs haïku d'époques différentes écrits par Basho mais non pas compris, à l'origine, comme formant ce tout que l'éditeur nous propose. Verdier a ici une idée très bonne, cependant, de proposer pour chaque poème le texte japonais, la prononciation écrite à l'occidentale et une traduction. Celles-ci sont de Joan Titus-Carmel et se révèlent être souvent de hautes qualités.
Résultat, on peut entrer sereinement dans le monde du haïku. Il suffit de connaître un minimum la prononciation japonaise, et on retrouve le rythme, l'aspiration, l'idée même et tout se récite facilement. Ceux qui ont du mal à lire le japonais remarqueront quand même certaines variations entre deux poèmes proches, Basho changeant d'alphabet pour le même mot parfois.
On a donc vraiment les moyens, ici, d'apprécier l'art du haïku. Et il faut savoir que si Basho est considéré comme l'un des 4 grands maîtres, ce n'est pas pour rien. Ses œuvres sont à la fois très puissantes et en même temps elles s'ouvrent à nous. Immédiatement l'image nous saisie, immédiatement le rythme nous touche et on arrive à faire la différence entre une sentence, une hésitation, un constat léger.
Naviguant entre mélancolie, rire, émotion face au paysage ou larme face à la vie humaine, Basho a également certaines thématiques qui sont proches des européens et nous seront donc accessible là où d'autres demandent une maîtrise de la culture japonaise qui m'échappe parfois.
Cette œuvre est belle car elle est accessible et montre, dans le même temps, l'immense pouvoir de la langue, l'immense pouvoir des mots, des images. Immédiatement, Basho nous apparaît comme un maître amical qui nous présente un chemin de vie.