Un récit court (une petite centaine de page) qui se lit en quelques heures sans peine. Quelques petites heures où le lecteur suit le destin d'une masse anonyme de Japonaises exilées en Amérique au début du XXème siècle. J'ignorais totalement ce pan de l'Histoire et je remercie l'auteure de m'en avoir informée.
Le parti pris choisi par l'auteur d'opter pour un style sobre et incisif est audacieux. Le côté quasiment didactique peut rebuter cependant. J'ai été surprise de prime abord puis j'ai été totalement prise par le courant du récit poignant et douloureux. Les mots tranchent dans le vif.
Certaines de ces femmes ont eu des éclats de bonheur dans leur misérable vie, d'autres non. Il est glaçant de suivre leur parcours où les rêves d'une vie meilleure s'effondrent comme un château de cartes au moindre coup de vent: "nuits de noces" sordides, amours amputées, suicides, maris violents, prostitution, abus sexuels, enfants morts jeunes, travail épuisant, ostracisation (beaucoup de femmes incapables de parler plus de deux mots d'anglais après 20 ans de présence sur le territoire), racisme, discriminations, rejet de l'héritage japonais de la progéniture, déportation. Mais en contrepartie, il y aussi des Blancs qui leur ont apporté une surprenante considération, l'amitié entre des enfants Japonais et des enfants Américains, la joie de vivre et l'espérance de jours meilleurs.
La dernière section est déchirante avec le point de vue des Américains qui peu à peu
oublient jusqu'à la présence même de ces Japonais qui pourtant ont fait partie intégrante de leur vie pendant plus de 30 ans.
Une très belle découverte que je recommande.