Dans Ces orages-là, Sandrine Collette ne nous laisse pas le choix. De son héroïne, Clémence, trop longtemps sous l'emprise d'un pervers narcissique manipulateur, l'on va partager toutes les pensées, en espérant une remontée des enfers, qui ne pourra venir qu'après des jours et des nuits interminables, de souffrance et d'auto-dépréciation. C'est presque avec sadisme que l'auteure enfonce la tête de sa victime sous l'eau, un tunnel où la quête de la lumière ressemble à une chimère. La romancière n'en finit pas de touiller dans la marmite du désespoir, avec son style cinglant et rythmé, à contre-courant de son personnage qui stagne dans les eaux de la détresse, malgré quelques mains qui se tendent. C'est une littérature qui fait de la noirceur son étendard et ce n'est pas le premier livre plombant qui atterrit sur les étals des libraires, depuis quelque temps, loin de là. Le problème, ce sont les répétitions, des situations et des sentiments ressassés à l'envi, exprimés de manières différentes, parfois brillamment, mais au caractère redondant et obsessionnel qui crée un malaise persistant comme s'il était utile de gratter sans arrêt la plaie à vif. A cela s'ajoute l'impression plus que mitigée d'un dénouement perturbant. Un roman "feel bad" de plus qui anesthésie l'émotion et l'intérêt, en se lovant dans ce qu'on n'ose pas appeler complaisance, dans les supplices de l'affliction.