J’étais trop gentil.
C’était avant.
Puis, j’ai lu ce petit livre si utile. Un ouvrage qui rend, objectivement et avec peu d’efforts, meilleur.
- Non, président. J’aurai vraiment aimé vous remplacer ce soir à la préfecture, cependant, j’ai le dossier Kurosawa, qui ne souffre plus aucun retard, une note de synthèse à présenter demain matin à SC.
Pourquoi étais-je si gentil ? Le terme “gentil“ ne renvoie pas, ici, à la bienveillance désintéressée, mais à un mal-être profond, un comportement puéril et inconscient, acquis lors de la petite enfance et que l’on pourrait réduire à un “conditionnement de l’amour conditionnel“. Une conséquence des innombrables : « Sois gentil avec maman ! » Thomas d’Ansembourg développe : « Pour être aimé, je dois répondre à une attente, me conformer à une norme, fournir un résultat, rendre des comptes, faire des efforts… »
- Cher voisin, vous savez oh combien j’apprécie vos grillades dominicales, en même temps, j’ai une étude de marché à terminer sur le cinéma indien pour une start-up culturelle, Sens Critique. Amusez-vous bien.
Plus grave, pourquoi suis-je en colère ? Parce que j’ai appris à faire et pas à être. Je n’ai pas placé l’estime de moi en moi, mais dans le regard des autres. J’ai peur de la différence, perçue comme une menace : si l’autre diffère de moi, ne vais-je pas devoir m’y conformer, m’y adapter ? Je dois apprendre à dire non, poliment, sans me justifier, ni mentir, ni même culpabiliser ! Que mon non soit non !
- Non, ma fille, tu n’ignores point à quel point nos compétitions hebdomadaires sur Just dance 2017 sont importantes pour moi, seulement j’ai rendez-vous avec Shakespeare.
- Il est mort.
- Je sais bien, mais la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un esprit tournoyait sur les eaux, c’était l’âme immortelle de Shakespeare.
- C’est surtout un copier-coller de la Bible.
- Je sais, tiré de saint Jean.
- Non de la Genèse.
- Tu me fatigues ! Je pars !
Que c'est bon de dire « non ». Dans un seconde partie d’Ansembourg présente et explicite les principes de la Communication Non Violente (CNV) de Marshall B. Rosenberg : Observation - Sentiment - Besoin – Action.
- D’ailleurs, je n’ai plus besoin d’alibis pour refuser, plus de références à d’éventuelles critiques pour SC. Fini. C’est non !
Précipitez-vous !