Pas l'ombre d'un doute : Zadie Smith est l'une des meilleures stylistes de la littérature actuelle et Ceux du nord-ouest, dernier opus en date de la susdite, et description d'un quartier londonien à travers le destin de plusieurs de ses habitants, ne fait que conforter cette opinion. Toutefois, on peut aussi de demander si ici, la structure du roman, ou son architecture, si l'on préfère, n'est pas de loin supérieure à son contenu. Autrement dit, Zadie Smith a tellement travaillé sa forme qu'elle en devient l'attraction principale du livre et que l'intrigue qu'elle développe est par ailleurs au mieux, anecdotique, au pire, superfétatoire. C'est fort dommage parce qu'il y a là, en suspens, une vraie étude sociale, dans un Londres bigarré, assez loin des stéréotypes, qui sonne juste et vrai. Mais ses personnages, dans ce faux roman choral, sont en définitive relativement antipathiques, froids et leur détresse affective peine à nous toucher. Et une fois encore, le brillant de l'écriture est contre-productif. Trop de subtilités, trop de changements de registres, trop de pessimisme psychologique. Zadie Smith semble avoir voulu théoriser la construction de son roman avant même de l'avoir écrit, avec un vernis post-moderne qui rompt avec le classicisme linéaire mais semble, en fin de parcours, artificiel voire prétentieux. Ceci étant, Zadie dans le rétro ou pas, reste un(e) auteur(e) de grande classe.