J'ai rarement vu un degré de beauté pareil en un seul livre. Dès les premiers chapitres, j'ai su que non seulement ce livre me plairait, mais je que je n'en "sortirais pas indemne". C'est le pouvoir des grands livres que de se voir soi-même évoluer, même juste un peu. Tous les livres de ma catégorie "Diamant" ont ce pouvoir. Ce n’est donc pas juste un livre distrayant, intéressant et beau comme les livres de la catégorie Or. C'est un bijou!
J'ai rarement lu une quatrième de couverture aussi juste. "Des personnages qui paraissent sombres se révèlent lumineux", on ne peut plus vrai. "rendre l'ordinaire extraordinaire", absolument. L'autrice est une magicienne des mots. Elle a le sens du récit, de l'anecdote et elle parvient à rendre non pas une histoire, mais une pluralité d'histoires magnifiquement ficelés ensemble pour nous donner une fresque sociale merveilleuse, sensible et émouvante.
C'est un roman qui marque l'esprit dans une grande palette d'émotions, de la joie à la nostalgie, de la tristesse à l'indignation. C'est une sorte d’ode à la vie. Malgré la présence du cimeterre et des nombreux défunts. Au fond, pour mieux cerner la vie dans toute sa grandeur et sa complexité, on n'a pas vraiment d'autre choix que de faire un relai par sa meilleure amie, la mort. Ça va ensemble. Et l'auteur parvient à élaborer une histoire qui les met en valeur l'une et l,autre, avec doigté et avec élégance aussi.
On vous parlera de jardin, de deuil, de renaissance, de compromis, d'amitié, de fleurs, d'enfants, de cœurs brisés, d'enfant roi, de rencontres, d'adultère, d'amour sincère, de voyage, de temps et d'âmes, pour ne citer qu'eux. Surtout, on vous parlera de "changer l'eau des fleurs", de la capacité extraordinaire et véridique de l'humain à être résilient, à surmonter les obstacles et à sa capacité de se renouveler, à se reconstruire sur des ruines. Et que souvent, cette résilience, elle se bâtie avec le pouvoir des autres. Ce sont des "facteurs de résilience" dans le jargon du travail social.
** Je pense d'ailleurs que ce livre fera écho chez tous les gens qui ont l'empathie et le soucis des autres qui caractérisent les intervenants, des infirmiers aux travailleurs sociaux, des professeurs aux ressources humaines.
Ce roman est très "lourd", il a beaucoup de contenu. C'est sans doute pour ça que je le l'ai pas dévorer d'une traite. On aurait que chaque passage était si profond que je ne pouvais m,empêcher de prendre le temps de lire et relire pour être sure de cerner tous ces mots, toutes ses nuances et ses implications. Bien qu'il y ait de nombreux thème légers, certains m'ont stoppés dans ma lecture. "Ayoye, mais qu'est-ce je ferais dans pareille situation?" , "Ayoye, je l'avais pas vu venir", "Ayoye, qu'est-ce que cela implique?". Oui, il m'en aura couté de la réflexion ce livre, mais merci à lui, vraiment.
Étonnamment, il y a un peu de "policier" dans ce roman, une dimension de polar. Il s'agit de l'histoire de la mort d'une petite fille, on en apprendra peu à peu tout le long de l'histoire. Et l'auteur nous envoie sur toute sorte de pistes, toutes plausibles, avant de larguer une bombe au final.
Bref, j'ai l'impression de ne pas rendre justice à cette œuvre avec mes mots maladroits, mais si vous me lisez, sachez que vous devez lire ce livre au moins une fois dans votre vie. Vous en sortirez grandis. Peut-être pas profondément, mais assurément .