Derrière tous les grands hommes, il y a une grande femme. Pour Edouard Louis, il y en eu deux : Elena et Nadia. La première est celle qui est devenue son amie suite à son entrée au lycée d’Amiens, la seconde est la mère d’Elena, qui a grandement contribué à son élévation culturelle. Comme si l’écriture d’Edouard Louis avait pris en maturité, à tout juste 30 ans et pour son cinquième roman. Il prend le temps long, plus de 400 pages pour celui qui a davantage opté pour le format court voire très court - Qui a tué mon père ne fait que 80 pages. Ce récit séquencé, dont la chronicité épouse la gradation sociale du transfuge de classe, pourrait se résumer en deux mots : changer, méthode. Mais aussi en deux villes : Amiens, Paris. Deux femmes : Elena, Nadia. Deux hommes : Didier, Geoffroy. Le plus juste pour qualifier ce roman auto-réaliste, serait sans doute le développement de souvenirs d’enfance qui illustre la violence sociale que subit les classes populaires. Pas « d’entrée à table », pas « d’études », « pas de restaurants », « pas de vacances ». Les souvenirs déchirés sur les traces d’une tragédie familiale. C’est pour fuir celle-ci, par, je cite « esprit de vengeance » qu’Eddy, puis Edouard - nom donné par les deux premières femmes de sa nouvelle vie - est devenu quelqu’un d’autre. A jamais ; ou suite au prochaine épisode.