Le Charmide est un charmant petit dialogue de Platon, ayant tous les traits d'un ouvrage de jeunesse. Dans un style plus ou moins aporétique, Socrate dialogue sur la sagesse avec Charmide et son cousin (et tuteur) Critias. Les deux interlocuteurs seront connus pour être de terribles tyrans une vingtaine d'années plus tard.
Platon, par ce texte, cherche donc à montrer ce que n'est pas la sagesse, ce qu'elle peut être et surtout il veut innocenter Socrate d'avoir eu une influence néfaste sur les deux. Critias, socratique reconnu, est ici montré comme à la fois proche du maître et éloigné en terme de personnalité, Charmide, plus vertueux, est cependant sous l'influence néfaste de son tuteur.
Tout est dans le détail et la fausse aporie n'est là que pour montrer que l'erreur de Critias n'est pas dans le fond mais dans la forme : il ne sait pas défendre ses arguments car il ne sait pas réellement de quoi il parle. Il ne sait pas réellement ce qu'est la sagesse quand bien même sa définition est juste.
Le dialogue est subtil et les attaques des uns contre les autres, dans une ambiance cordiale, a un son lourd, annonçant l'issue fatale pour les différents protagonistes.
Ce dialogue montre une grande partie de la force poétique de Platon, de sa capacité à rendre vivant une scène, de son amour du détail subtile qui donne vie à tout un tableau.
Ma note est forcément très relative. Elle renvoie surtout à l'intérêt philosophique du texte face aux autres ouvrages du fondateur de l'Académie : limité. En effet, c'est la méthode qui est finalement le propos du texte, non pas la sagesse elle-même.
Or d'autres ouvrages peuvent être bien plus enrichissants et éclairants sur cette question.
Si on prend, comme souvent, plaisir à lire Platon, et si la brièveté du texte est un ajout au côté agréable de sa lecture, le Charmide reste un reste finalement assez mineur, qu'on aurait tord d'ignorer pour autant, mais qui ne peut prétendre remplacer les grands textes platoniciens.