En temps normal, j'aurais laissé tomber ce livre dès le 2e ou 3e chapitre. En tant normal, j'aurais rapidement jeté ce livre aux oubliettes. Mais j'ai l'impression de m'être faite rouler par cette auteure. Et, parce que les critiques - ici ou ailleurs- sont pour la plupart élogieuses, j'ai envie de mettre en garde contre ce bouquin.
Disons le, il m'est vraiment difficile d'en tirer quoi que ce soit de favorable. Alors abordons tout de suite ses défauts. Le fond d'abord. Le sujet est évidemment essentiel, mais ils sont nombreux à l'avoir abordé avant et depuis. Il faut donc, si l'on souhaite s'inscrire dans cette veine, apporter un point de vue, une couleur, une puissance. On en est loin. Je trouve très prétentieux d'aborder des thèmes si douloureux en ayant une écriture aussi poussive.
Lola Lafon jongle avec toutes les figures de style qu'on apprend au lycée: elle use et abuse des comparaisons, des métaphores, ou des anaphores, à travers une langue somme toute assez pauvre et truffée de clichés. Au fil des pages, difficile de ne pas ressentir le travail de l'auteure qui cherche à faire "des belles phrases", le dictionnaire des synonymes sur les genoux. Tout sonne très artificiel .
Pas de chance, j'ai lu Chavirer pile après Vernon Subutex et Leurs enfants après eux, des bouquins incroyables. Voilà des écritures incarnées. J'ignore la somme de boulot qu'ils ont nécessité, mais in fine, le résultat est juste, puissant, naturel, précis. Comme dans le livre de Virginie Despentes, Chavirer tente la galerie de personnages, mais on s'ennuie, et on ne s'attache à aucun (rassurez vous, vous saurez par contre tout sur la tenue que chacun d'eux porte). Comme dans le livre de Nicolas Mathieu, elle tente la fresque chronologique, mais tout est confus. Ces deux auteurs dissèquent leur sujet au scalpel et émeuvent, Chavirer tente de faire le job avec une paire de cuillères en bois, et c'est douloureux.
Bref, je suis dans la plus totale incompréhension : pourquoi tant d'éloges pour ce livre. Pourquoi un prix? Fait on bien la distinction entre le bouquin et son thème? J'en doute énormément.